Et bien voilà, c’est fini. La Roumanie n’est
plus qu’un souvenir. Incroyable ! Je me souviens encore de l’appréhension
du départ, l’attente, l’interminable attente jusqu’à l’impatience
et c’est déjà loin derrière. Pfff ! Fugacité de
nos vies. J’imagine que vous voulez savoir comment c’était ?
Eh bien, c’était géant, génial, puissant, grand,
magique, féerique, hors norme, hors tout d’ailleurs... C’était
merveilleux.
Imaginez un mois et demi de rires, de sourires, d’échanges
forts, de partages et d’amitiés fugitives, de danses, de chants,
de grands repas festifs dans des lieux sublimes avec un grand feu chaque
soir répondant au silence des étoiles... Imaginez l’inconnu,
chaque jour renouvelé... Et puis nous avons bénéficié d’une
météo splendide. Deux jours de pluie en tout et pour tout,
et le reste du temps, du soleil, parfois même un peu trop chaud.
Bien sûr, il y eut la fatigue, des petits conflits, des rhumes, des
ronfleurs, des quiproquos, mais tout cela faisait partie de l’aventure.
La Roumanie est un pays extraordinaire, ses habitants sont plus qu’adorables
et les paysages sont enchanteurs, surtout le nord,. Partout où nous
sommes allés, nous avons été aimé, choyé,
dorloté. Un accueil bouleversant, parfois émouvant jusqu’aux
larmes. Avant de partir, la plupart des caravaniers avaient reçus
de leurs amis, des mises en garde du style : « Méfie-toi
des Roumains, ils sont tous voleurs, fais gaffe à la mafia, et puis
y’a la grippe aviaire là-bas, et attention aux tziganes.... » Nous
n’avons rien vu de tout cela, bien au contraire, nous avons rencontré un
peuple bon enfant, aimant rire, s’amuser, danser et chanter. En plus
de ces qualités, nous avons découvert que c’était
un peuple travailleur, courageux, volontaire. Bien sûr, comme partout,
il doit y avoir quelques escrocs et bandits, mais nous n’en avons
pas vu, à moins que nous ne les ayons croisés un jour où ils étaient
de repos. En tout cas, nous avons tous reçu là une grande
leçon de vie. Nous avions prévu 20 euros par semaine de budget
nourriture par personne. Nous n’avons pas dépassé les
30 euros par personne pour les six semaines qu’a duré notre
voyage. Nous avons été invités partout. 28 personnes,
et jusqu’à 33 même, invités par des familles
peu argentées mais qui faisaient le maximum pour nous contenter.
Nous avons reçu là encore de grandes leçons sur l’hospitalité,
l’art de l’accueil. En contrepartie, les caravaniers ont donné le
meilleur d’eux-mêmes, toujours disponibles, partageant leur
art, leur cœur, en osant un « te ubesc » à chaque
instant. Ce qui veut dire « je t’aime » en
Roumain. De 5 à 75 ans, un morceau d’humanité vers
l’humanité, tout aussi curieuse de nous que nous l’étions
d’eux. Cette caravane amoureuse, ce fut, ce fut, ce fut.... Inoubliable
pour nous tous et tout ceux que nous avons rencontrés.
Cette caravane nous a appris aussi à accueillir ce qu’est
l’autre. Ce qui est clair, c’est que la maladresse est inhérente à chaque être
humain, nous la portons avec nous, malgré nous, presque à chaque
instant, que nous le voulions ou non… Car quoique nous fassions,
il y aura toujours quelqu’un qui sera dérangé. Alors
nous aurons appris cela, à avoir un regard léger et bienveillant
sur les fragilités des uns et des autres. Deux mots peut-être
qui pourraient définir cela : la compassion et l’humilité.
Le retour fut moins enchanteur avec toute la pile de courrier, les mails,
les factures et les impôts à remplir... Je me suis aperçu
que le monde n’avait pas changé avec, toujours, son cortège
de mauvaises nouvelles, mais ce que je sais c’est que nous nous sommes
tous offerts une grosse tranche de bonheur et d’amour. Merci à vous,
caravanières et caravaniers d’avoir osé cette aventure… Merci à vous,
internautes, d’avoir suivi notre aventure, de l’avoir colportée
autour de vous et merci de vos mercis vibrants que j’ai retrouvé dans
ma boite mails.