Feuille de Route

 

Lundi 9 juin, Théâtre Mogador, Paris : Voir les photos >>

17 h : Nous nous retrouvons tous au théâtre Mogador. Le périple de la Caravane amoureuse s’achève sur une soirée concert, donné par Marc.

Après la mise en place du piano sur la scène, l’accord et les balances, l’installation des toiles de Stéphane, le public commence à arriver. Sans publicité ni affichage, malgré la coupe d’Europe de foot où la France joue ce soir là, et une grève nationale de la SNCF prévue pour le lendemain, à 20 h, la salle est presque pleine. Pari réussi ! Le directeur du théâtre, Jacques Chalvin et le réalisateur du film, Pierre Barnérias, présentent la soirée et Marc Vella. Le film : Le piano amoureux démarre. Pour l’occasion, Marc s’est acheté un smoking car Pierre fait une captation de ce concert, 3 caméras sont disposées dans la salle et une polcam, sur la scène. Foule d’applaudissements après le film. Puis c’est l’entracte, les gens se ruent sur les livres et les disques… Les caravaniers vendeurs et les hôtesses, embauchées pour l’occasion, ne savent plus où donner de la tête… D’ailleurs, concernant les hôtesses, certaines ont été émues jusqu’aux larmes par le film. 21 h 30 : la 2ème partie de la soirée commence. Peau-L’eau le clown, offre son ballon cœur au piano et quitte la scène tout en lui envoyant des baisers. Marc arrive avec son nouvel habit, très élégant. C’est la classe ! Dans un grand silence, il joue la « Porte des Mondes ». A la fin de son récital, le public l’applaudit chaleureusement. La soirée s’enchaîne par une lecture du Chant des libres. Celle-ci aurait dû se terminer par la présentation de la Caravane amoureuse et des caravaniers sur la scène mais, par un malentendu avec le régisseur, le rideau se ferme après la lecture du chant des libres. Marc est très contrarié et finalement, cette présentation se fera dans le grand hall du théâtre.

Tous les caravaniers se rassemblent sur les marches et chantent en chœur : « Nous les z’amoureux » pour la plus grande joie du public. Autre contrariété, il devait y avoir un pot avec les représentants des villes et pour une raison qui nous échappe, les salons du théâtre ne purent nous accueillir. Nous aurions pu improviser un banquet dehors avec tréteaux et table mais nous n’y avons pas pensé sur le moment… Bref, un raté. Peu à peu le théâtre se vide, dans le hall, il ne reste plus que les caravaniers, les hôtesses, les organisateurs de la soirée. Merci à Jacques Chalvin d’avoir offert à la Caravane amoureuse et à Marc Vella, ce lieu prestigieux. Merci à Véronicka Cormouls-Houles et Sylvia Depeyrot d’avoir géré toute l’opération. Il nous faut quitter les lieux. Après de chaleureuses embrassades, nous nous retrouvons sur les trottoirs de ce quartier parisien. Il est presque minuit et nous chantons et dansons au son des accordéons de Christophe et Claire. Les au revoir sont tendres, parfois difficiles. L’aventure s’achève là, royale et sereine

Dimanche 8 juin, « L’espace des possibles », Meschers sur Gironde : Voir les photos >>

Nous sommes dans un lieu absolument magnifique, un parc de 13 ha près de Royan. Nous sommes reçus par Yves Donnars, le fondateur de ce domaine. L’espace des possibles est un lieu de vacances qui donne la priorité à la créativité, à l’improvisation, à l’éveil des sens mais aussi à la communication et à la rencontre. Il y a jusqu’à 60 ateliers par jour, des plus variés : musique, chant, danse, théâtre, massages, yoga, écriture… animés par des proposants, c’est à dire des personnes qui ont une passion particulière qu’ils souhaitent faire partager aux autres. L’espace des possibles est parfois l’occasion pour ces personnes de tester leur activité avant de s’y lancer professionnellement. Vous pouvez découvrir le site : www.jardiner-ses-possibles.org. Nous découvrons ce lieu avec un grand plaisir, véritable laboratoire humain où les gens peuvent tout essayer, tout vivre. Bien sûr il y a une charte de conduite et celle-ci est très respectée. Voici ce qu’écrit Yves Donnars sur l’Espace des Possibles : « L’espace stimule notre enfant intérieur à la fois curieux et ouvert, mais aussi apeuré et avide, parfois carrément pénible. Nous devons continuellement travailler à intégrer l’enfant intérieur et l’adulte. Tenir des positions d’autorité est délicat. Dans la vie courante, nous acceptons de prendre des rôles négatifs. Mais pendant les vacances, on aimerait rêver que ce ne soit pas nécessaire. L’espace nous permet de tricoter nos rencontres entre illusion et réalité ; d’harmoniser les moments de fusion et de solitude. Il y a là une contradiction féconde à l’espace. C’est un lieu qui fonctionne comme une vaste pépinière de projets. C’est une œuvre qui s’ajuste et se met au point de mieux en mieux grâce à un jeu de finesse et de présence qui me paraît s’affirmer d’année en année. » 

En revanche, c’est aussi le moment du nettoyage des bus ! Caramba ! Ça c’est une autre affaire, il y a du bazar partout !! Mais cela se fait dans la joie et la bonne humeur. Après un bon repas en terrasse, nous nous rendons à la plage pour y donner le dernier concert de la Caravane amoureuse. Sous un grand soleil, une fois de plus, installé sur le sable, le piano est à son aise. Chloé commence à improviser puis c’est le tour de Marie-Pierre, puis Cathy se lance dans ses compositions. Marie-Pierre accompagne un guitariste qui chante : « Poète est un dur métier ! ». Vient le tour de Marc qui improvise. Puis les poèmes s’enchaînent, celui de la Caravane pour la dernière fois, puis un poème de Cathy accompagné de Marc au piano, poème qui rend hommage à l’ouverture de l’être. Enfin, pour clôturer cette dernière journée, le poème « Le chant des libres » est lu avec amour par Marc, accompagné de Cathy au piano. C’est le moment de notre dernier cercle de parole (le quatrième seulement en 7 semaines !!). Chacun partage au groupe ses sentiments, ses ressentis, sa conclusion de l’aventure. Puis nous nous serrons fort dans les bras. Même si nous nous voyons encore demain, cette journée est tout de même notre dernière étape. Les bisous fusent !! Nous formons un « escargot » en démarrant de Cathy et Marc au centre ; puis ça s’enroule, ça s’enroule et cela forme une spirale humaine. Le déroulé est plus délicat, il ne faut pas tomber les uns sur les autres !!

Merci à l’Espace des possibles de nous avoir accueilli dans ce lieu calme, propice à la détente, dont nous avions bien besoin… 

Samedi 7 juin, Bordeaux : Voir les photos >>

Arrivée vers 11 h 30 à Mérignac. Merci encore à René Ferbos des déménagements Ferbos, de nous avoir prêté ce lieu pour y stationner les voitures. Comme c’est étrange de nous retrouver tous là, sur notre lieu de départ, cela semblait être hier… Chacun reprend sa voiture ou son fourgon et nous quittons cet endroit définitivement… Nous récupérons Fillou, notre doyenne, revenue parmi nous pour partager la fin de l’aventure. Quelle joie de la retrouver ! Nous avons rendez-vous vers 14 h au parc de la Bénauge. Peu de monde car peu d’information de la ville concernant la venue de la Caravane amoureuse, bien qu’il y ait eu engagement initialement… Le piano est installé au milieu du square et quelques enfants vont et viennent en essayant le clavier. Cathy et Marc leur jouent quelques airs, chacun à leur tour. Un gros lézard en caoutchouc appartenant à l’un des enfants, s’improvise variacorde pour un moment. Les enfants sont hilares ! Des jeux de corde à sauter se tissent entre des filles et Cathy. Petit goût d’enfance retrouvé. Zéphyra danse. Puis, nous partons, direction les quais des Chartrons pour la soirée. Très jolie vue sur la Garonne, le soleil est au rendez-vous, comme toujours. Nous sommes invités dans un superbe restaurant juste à côté, et nous nous régalons du repas servi, offert par la ville. Le dessert glacé à peine avalé et Marc enchaîne au piano. Malgré le froid, le public est captivé et la soirée s’achève avec un ciel doré, traversé d’une traînée de doux nuages. Nous partons immédiatement après le concert, direction Meschers sur Gironde. 

Vendredi 6 juin, Blois : Voir les photos >>

Nous sommes accueillis à la mairie de Blois, par Geneviève Barabant, 1ère adjointe au maire, et plusieurs associations (association franco-berbère, association des femmes d’Afrique de l’Ouest, Atout Blois….). Après avoir découvert le film de Marc, « Le piano des sables », Geneviève, touchée par sa démarche, l’invite à Blois à plusieurs reprises pour des opérations dans des lycées et des quartiers sensibles. Depuis, un lien s’est tissé. Alors, pour le passage de la Caravane, elle a évidemment dit oui ! Après son discours et les présentations des uns et des autres, nous nous restaurons et profitons d’une ballade dans la magnifique roseraie multicolore de la mairie, pour nous détendre un peu. Puis direction la halle aux grains où nous stationnons le bus quelques instants ; l’occasion d’aller saluer et de jouer pour une bande de jeunes attablés à un café ainsi qu’une classe de maternelle qui vient à passer devant nous avec leurs institutrices. A peine somme nous arrivés qu’une jeune fille court vers nous pour nous embrasser, touchée de la rencontre. Puis, nous reprenons la route, en itinérance à travers la ville, jusqu’à la ZUP. Sur le trajet, nous nous arrêtons devant un lycée où nous nous lançons dans une guérilla de bisous. Les jeunes sont très réceptifs et accueillants. Ils redemandent des bisous !! Une autre escale, devant une cour d’école. Les enfants sont en récréation. Ils passent leurs petites mains à travers les grilles pour recevoir des bisous. Immédiatement, ils sont conquis. Les clowns les font beaucoup rire. Ils nous accueillent tellement spontanément que l’on a l’impression de s’être déjà vus. Dans le quartier de la ZUP, beaucoup d’enfants. Certains se ruent pour essayer le piano avec Marie-Pierre tandis que d’autres testent les touches du mélodica de Cathy, jouent de la derbouka, dansent, reçoivent et donnent des bisous. Des farandoles se créent entre caravaniers et tout-petits. Marc explique aux enfants en termes simples, l’histoire du piano et le pourquoi de la Caravane. Le message passe. Nous nous rendons ensuite à la paroisse St Pierre où le prêtre, présent le midi, nous accueille pour un concert dans le parc. Le public est très à l’écoute des explications de Marc et de la philosophie qu’il insuffle. Le concert se crée dans l’inspiration du moment, porté par le vent et les oiseaux toujours aux premières loges. Cathy nous emporte de ses mélodies enchanteresses. Farid nous fait partager des compositions berbères à la guitare et au chant tandis que Marc l’accompagne. Puis le poème de la Caravane est encore déclamé avec brio par Claire et Cathy S., caravanière. Puis c’est l’auberge espagnole. Les femmes africaines nous ont apporté de succulents mets, typiques de chez elles. Les retardataires auront manqué quelque chose de savoureux… La soirée se termine par une ronde, mêlant petits et grands. Nous quittons ce lieu en direction du Carmel de Blois où Marc s’est rendu maintes fois et où nous sommes attendus pour la nuit. La route pour y arriver est splendide. Les bus se suivent et ondulent, telle une danse à travers les virages boisés. Sœurs Myriam et Anne-Marie nous accueillent avec un plaisir et une chaleur manifestes. Nous nous prenons dans les bras comme de vieux amis. Elles nous offrent une tisane. Ce lieu est splendide, c’est une ancienne grange. La chapelle est de toute beauté avec ses poutres en bois. Nous y passons un moment de prière silencieuce le lendemain matin. Ce qui est appréciable dans la Caravane, c’est que ces moments méditatifs, qui nous relient à notre intériorité, peuvent tout aussi bien avoir lieu dans une chapelle que dans n’importe quel autre lieu : dans la nature, aux côtés d’un arbre, devant la mer, dans une mosquée… Peu importe pourvu que nous fassions circuler en nous-mêmes l’amour. Merci aux sœurs pour leur accueil, leur sourire et leur bonté… Merci à tous pour cette journée hors du temps

Jeudi 5 juin, Saint Herblain : Voir les photos >>

Nous arrivons à la Maison du citoyen de St Herblain, non loin de Nantes. Nous sommes accueillis par une belle équipe, dynamique et engagée : Marie-Pierre, Jean-François (adjoint à la culture) ainsi que par Patricia (2ème adjointe au maire) et Dominique (ancien caravanier en Roumanie, qui a mis en lien les personnes pour que cette journée puisse avoir lieu). On sent tout de suite que notre venue a été préparée et que le projet de la caravane s’inscrit complètement dans le cadre du travail fait sur le terrain. Le discours de Patricia en est l’illustration parfaite : « St Herblain a le plaisir de vous présenter ses « héros de l’ombre » qui vous ont concocté ce « menu » de la journée, porteur du mieux-vivre ensemble, mosaïque de leurs talents pour mieux partager le vôtre… Envers ce monde qui nous entoure, tout doit nous amener à la tolérance, même au-delà des hommes il nous faut accepter cette biodiversité, elle est notre avenir ! Nous n’avons pas le droit de décider quelle faune, quelle flore a le droit de cité… L’équilibre de la nature est si précaire ! Nous ne pouvons pas, sous prétexte d’une certaine barbarie, banaliser l’incompréhension, le rejet de « l’autre », l’hypocrisie… L’enjeu est immense (...). Martin Luther King disait : « Nous devons apprendre à vivre ensemble sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots ». Aussi, à travers les rencontres multiples que vous provoquez tous chaque jour, avec vos moyens respectifs, vous participez à cette ouverture aux autres, vers ce mieux-vivre ensemble… Nous avons besoin de rêver, d’espérer, de changer. Par vos pas qui vous semblent parfois minuscules, tant la tâche est grande, vous nous donnez la direction à prendre… Notre vraie nationalité est l’humanité. Merci aux caravaniers, à Marc Vella pour avoir porté jusqu’à nous cette proposition originale, sincère, d’une humanité plus généreuse et désintéressée, et de nous faire participer à une guérilla de bisous, c’est tant de poésie… ». Dans le magnifique jardin de la maison du citoyen, un énorme cœur de tables est dessiné sous les arbres qui nous entourent. De petites lumières rayonnent un peu partout et illuminent ce lieu convivial. Nous entamons le repas, et à peine est-il commencé que les « aspirants brigadiers de lecture » s’avancent au milieu du jardin pour nous faire partager quelques textes, avec beaucoup d’humour. Puis arrivent en dansant des élèves d’une école voisine pour faire chanter les mots. Ils déclameront d’autres textes traitant de l’amour et de la différence, sur la scène, tout intimidés par le public. L’après-midi est percussive, les caravaniers tapent sur les djembés, derboukas…, chantent et font danser les personnes présentes. Dans le fond du jardin, de nombreux jeux anciens en bois amusent les petits et les grands. Les énormes gaches (brioches vendéennes) en forme de cœur arrivent pour le goûter, chocolat et confiture à l’appui… Malgré nos festins récurrents, nous ne résistons pas. Quel régal ! Pendant que les caravaniers dégustent ce goûter pantagruélique, Lucille et Stéphane créent une fresque au sol, devant l’entrée de la maison du citoyen : une pensée (la fleur) géante entourée de la citation de Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Dans la soirée, nous découvrons une joyeuse fanfare, très particulière ; leurs instruments sont des outils (rateau, marteau…) et des bidons qu’ils font résonner dans des rythmiques entraînantes, emmenées par un chef très dynamique. Epatant ! Puis des improvisations avec des musiciens locaux et des spectateurs audacieux nous montrent une fois de plus que la musique est accessible à tous, pourvu qu’on laisse parler l’envie et que l’on ose créer la magie de l’instant. Merci encore à tous pour cette très belle journée ! Patricia et Dominique, enchantés de la journée, décident de rejoindre la Caravane pour les derniers jours. Quelle joie de les accueillir 

Mercredi 4 juin, Centre médical Rey Leroux, La Bouëxière : Voir les photos >>

Nous arrivons au centre médical Rey Leroux, près de Rennes, où nous sommes attendus pour fêter les 100 ans de l’association. Ce centre est à la fois un lieu de soins et d’éducation pour des enfants et des jeunes aux handicaps variés et maladies diverses (myopathie, mucovicidose, maladies orphelines…). Patrick Hebert, chef d’atelier et Jean-Claude, le directeur, ont organisé notre venue et nous accueillent chaleureusement. Marc est un habitué des lieux depuis quelques années. Toute l’équipe, les enfants et les jeunes l’admirent et l’apprécient beaucoup. Un peu partout, lorsque nous arrivons, nous voyons de joyeux et rigolos dessins avec une petite bulle écrite : « Attention ! Projection de bisous !! ». Nous sommes très attendus. Nous nous installons à côté de la maison familiale où nous mangeons.

14 h 30, la fête va commencer ! Une petite scène est installée pour accueillir des groupes de musique. En face, dans une salle, les enfants nous montrent leurs œuvres : une exposition de peinture sur verre, des encadrements de dessins, des photos de l’équithérapie… décorent la pièce. Ailleurs, des cœurs multicolores fleurissent sur une espère d’arbre très rare. Chaque personne écrit et/ou colorie son cœur et l’accroche dans l’arbre. En échange, elle reçoit un pin’s « projection de bisous » en souvenir de cette journée. Non loin, encore des cœurs à remplir et à colorer, sur le bandeau que déroule Lucille. Les enfants tapotent à l’éponge les couleurs et signent leur œuvre de leur prénom. Ils s’en donnent à cœur joie, c’est le moins qu’on puisse dire !!!! Les clowns sont à l’action et les enfants vont et viennent joyeusement à bord de la plate-forme jouer quelques notes. Plus loin, un cheval emmène les petits et les grands sur une calèche remplie de ballons cœurs qui volent au vent. Après-midi douce et légère. C’est l’heure du barbecue à la maison des familles. Crêpes bretonnes au sarrasin et saucisses trônent dans les assiettes. Puis direction la salle polyvalente à quelques kms de là. La soirée débute par la chorale de la Bouëxière, puis divers artistes se succèdent. Guillaume, Nicolas, pensionnaire au centre, à la guitare mais aussi des anciens, tous fans de Marc, venus spécialement pour l’occasion, comme Alexandre, Sébastien, Nolwenn ou Nicolas qui fait de la MAO (musique assistée par ordinateur). Nicolas, toi qui as une si belle voix, quand nous chanteras-tu tes chansons ? Puis le poème emblématique de la Caravane est déclamé et c’est au tour de Marc. A peine les premiers sons s’échappent-ils du piano que l’écoute s’installe, profonde. Une qualité de silence impressionnante offerte par ce public hétéroclite, qui était très en attente de ce concert.

Merci à toute l’équipe du centre pour leur accueil et un merci particulier à Patrick pour ta gentillesse, ta générosité et ton engagement auprès des enfants, c’est beau à voir… A bientôt 

Mardi 3 juin, Berthen, Monts des Cats : Voir les photos >>

Nous arrivons à Berthen, dans le décor des monts des Flandres. Nous sommes accueillis au centre d’accueil par Marion, étudiante en tourisme, Maryline, secrétaire de mairie, et Jacqueline sa maman. Marion a organisé toute notre venue depuis des mois. Malheureusement, lorsque nous arrivons, elle nous apprend, très déçue, que les associations qui s’étaient engagées à participer, se sont désistées la veille… Nous consolons Marion et la rassurons en lui disant que nous sommes bien désolés de ce désengagement face à toute l’énergie qu’elle a déployée, mais que nous allons profiter de cette journée pour nous détendre et échanger tranquillement entre nous. Elles semblent désolées de n’être que trois pour nous accueillir mais la Caravane en profite pour les honorer avec une joie toute particulière. « Marion, belle Marion, marions-nous, marions nos amours, nos folies, nos joies et nos peines, oui marions, marions-nous, lalalala !!! ». La mairesse nous rend visite pour l’apéritif et nous rejoindra le soir. Délicieux repas partagé, fait de légumes et de charcuterie. Puis un repos bien mérité. Certaines caravanières confectionnent des bijoux avec Soléria, experte dans le domaine, tandis que d’autres jouent de la musique, écrivent, dorment, se détendent…

Déjà le soir arrive. Nous nous rendons à l’auberge du mont des Cats où… nous mangeons tartines, fromage et charcuterie, accompagnés des traditionnelles bières des Flandres. Le concert approche, il a lieu dans un pré non loin de l’abbaye. Le public est là. Face à une météo incertaine nous prenons l’initiative d’installer le public sur la scène, qui elle, est protégée. Le piano, lui, restera sur la plate-forme du bus. Ce renversement de situation crée une ambiance magique. Marie-Pierre au piano enchaîne les grands classiques de la chanson française en  emmenant joyeusement le public. Dans le même temps, un arc-en-ciel se dessine… et plus nous jouons et plus il grandit, et plus il grandit et plus nous jouons. Et comme des enfants, nous nous réjouissons de la magie de ce moment en résonance avec la nature. Les accordéons s’emballent accompagnés de percussions. Puis Claire déclame « Amis, voyez-vous passer la Caravane ?! » avec une fraîcheur et une joie communicatives. Le piano s’habille de douceur avec Cathy, Chloé et Richard puis les variacordes de Marc nous emportent loin, loin, dans nos profondeurs et dans des paysages jamais vus et pourtant si familiers. Tandis qu’il explique la démarche de la Caravane, un homme s’exclame dans le public : « Liberté !! », et Marc de lui répondre : « Oui, mais ce mot ne veut rien dire si on n’y ajoute pas l’exigence de la délicatesse, de la compassion et de l’humilité ». La soirée se termine dans l’allégresse. Nous ne pouvons pas tarder, un long trajet nous attend jusqu’à Rennes. Marion est heureuse de notre passage : « J’ai reçu une telle vague d’amour, merci !! J’ai adoré tous ces moments de complicité… J’ai vraiment eu l’impression de vous connaître… En deux minutes, je suis tombée amoureuse de la Caravane ainsi que de tous ceux qui l’occupent. Merci, je ne vous oublierais pas, vous m’avez marquée à vie ».

Merci à vous toutes pour cette journée lumineuse, reposante et joyeuse !

Lundi 2 juin, Roubaix : Voir les photos >>

Nous arrivons vers 12 h, … donc en retard… car le bus Gédéon a eu un problème de boîte de vitesse… Nous sommes accueillis au centre de cure médicale du Vert Pré, résidence pour personnes âgées, par Sarah Bennaceur, de la ville de Roubaix  (service de la citoyenneté, de la démocratie populaire et de l’éducation populaire) et par le comité de quartier de l’Hommelet qui ont organisé notre venue. Il est représenté par Sylvie, la présidente, Bruno et de nombreux bénévoles. Maryline et Maryline (si, si !!) sont là également pour représenter le comité d’animation du quartier des trois ponts. Sur place, à l’extérieur, des tables sont installées, et des personnes âgées de l’Association des Petits frères des pauvres (de l’antenne de Roubaix) sont présentes, associées et invitées pour l’occasion. Le piano est installé dans le réfectoire de la maison de retraite. Quelques notes de musique égayent le repas des résidents. Après un magnifique buffet partagé ensemble, nous jouons et chantons avec les personnes présentes. Une femme, un bras dans le plâtre, accompagne Marie-Pierre au piano, avec sa main gauche et un plaisir manifeste. Puis un petit groupe s’en va sillonner les étages à la rencontre des plus dépendants. Là, une femme redécouvre l’accordéon, très émue que l’on joue pour elle. Cet instrument la fait vibrer jusqu’aux larmes.

Nous nous rendons ensuite sur la place proche du centre social, dans le quartier des 3 ponts. La radio « Les Z’entonnoirs » est présente. Il s’agit d’une radio mise en place par des professionnels de la Condition Publique (lieu culturel à Roubaix) avec des infirmiers en psychiatrie et dont les animateurs sont des personnes soignées au sein du centre médico-psychologique de Wattrelos. Cet atelier fait partie des ateliers à visée thérapeutique mis en place dans ce centre pour permettre à des personnes qui ne sont plus hospitalisées mais qui continuent à avoir un suivi infirmier, de bénéficier d’activités diverses (d’expression artistique, d’activités manuelles, d’activités basées sur la parole et la communication, de sorties…). Cette rencontre s’est concrétisée par le biais de Cathy, la compagne de Marc, qui a travaillé plusieurs années avec le CMP. Anciens collègues et anciens participants à l’atelier musicothérapie étaient ainsi présents, à sa grande joie. Olivier, un des acteurs de la radio des « Z’entonnoirs », interroge Marc au sujet de la Caravane amoureuse. Il pose des questions claires et essentielles. L’interview est courte mais efficace. Merci à eux ! Vous pouvez les écouter sur Radio Boomerang, Radio Campus Lille et une radio liégeoise également. Longue vie aux Z’Entonnoirs !
Sur cette place, peu de monde, quelques habitants du quartier se joignent à nous. Cathy et Marc jouent tour à tour quelques mélodies, puis nous partons en itinérance à travers la ville jusqu’au quartier de l’Hommelet pour une seconde visite à des personnes âgées au sein de Résidence du Nouveau monde. Au cours du trajet, quelques regards, quelques signes de main, quelques sourires nous sont renvoyés. Des habitants soulèvent les rideaux de leurs fenêtres ou les ouvrent à notre passage. Puis c’est l’arrivée à la résidence, où René, animateur depuis peu, nous accueille. C’est un homme très sensible, très chaleureux et au grand coeur. Nous installons le piano dans la salle à manger et jouons tour à tour pour toutes ces personnes, certaines débordantes de vie, d’autres éteintes, n’attendant plus que leur dernier soupir. Solange, de la première catégorie, dit à Cathy : « Quoi qu’il arrive, restez optimiste, ne vous occupez pas du maussade, et n’ayez pas peur. Moi je me suis toujours fondue dans tous les lieux, avec tous types de personnes, des tsiganes, des drogués avec qui j’ai travaillé et j’étais toujours là pour mettre la bonne humeur ! ». Encore une belle leçon de vie, au milieu de ces personnes à l’histoire et aux expériences diversifiées, uniques et très riches, qui ont toutes connu la guerre, des deuils multiples, et qui ont pour beaucoup, enfoui leur passion et leur réalisation personnelle. Quelques caravaniers viennent embrasser des résidents dans le cantou, lieu de vie recréé autour du feu sacré, la cuisine et la table conviviale où tout se vit, tout se partage.

Après ce moment encore très fort, nous allons passer la soirée au foyer de jeunes travailleurs de l’Oasis. 80 jeunes y habitent pour 7 éducateurs. Là encore, un splendide buffet nous est offert. Le piano est installé dans le hall, Marc y donne un concert. Ocyne, un jeune qui passe dans la rue en voiture, s’arrête, à l’arrière du bus Mimoun, interpellé par l’image du piano dans le Sahara. Il se met à discuter avec Marco qui l’incite à entrer. Ocyne qui n’habite pas le foyer, s’installe au premier rang, bouleversé par la musique de « La porte des mondes ». Après le concert, il demande à Marc si celui-ci peut l’accompagner sur un slam. Il ajoute que ce serait un grand honneur pour lui. Il est très intimidé et flatté en même temps. Une fois lancé, il n’arrive plus à s’arrêter. Nous devons insister pour qu’il cède la place. Il est emporté par ses émotions où amour et haine se mélangent tellement qu’il ne mesure plus ses mots. Puis, tour à tour, plusieurs jeunes du foyer viennent slamer. Ce sont des textes forts dont les propos parlent de la mort, de la violence des cités, de l’amour, de la haine, du monde des apparences, du racisme, de la consommation, de l’exclusion, de la dévastation de la nature par l’homme… Ils viennent délivrer le thème de leur texte à l’oreille de Marc afin de s’accorder ensemble. « Tu peux faire quelque chose de mélodieux et doux ? » dira l’un d’eux. Les gestes associés à leurs textes sont bruts, témoignant d’une détermination mais aussi d’un mélange de détresse et d’espoir. C’est la première fois que ces jeunes osent slamer et improviser en public, de surcroît sur une musique qui ne fait pas partie de leurs classiques. Alors, pour se protéger du regard des autres, qui leur renvoie en miroir leur propre regard, comme disait l’un des jeunes, ils enfoncent leurs casquettes au maximum, mettent leur capuche et se cachent, par peur du jugement, peur de qui ils sont, peur de découvrir combien ils sont beaux. Ils ne le savent pas, on leur a tellement fait croire l’inverse.

Moments très forts, nous sommes sur un fil ; à tout moment, la confiance peut « foutre le camp ». Un geste mal compris, un mot mal dit, mal interprété et tout peut déraper, l’ambiance peut basculer. Rien de tout cela, le lien s’est créé, la rencontre a eu lieu et la soirée se termine. Ocyne nous attend à la sortie. Il s’excuse de s’être emporté et conclut en riant : « C’est l’huile d’olive qui coule dans mes veines ». Il nous dit au revoir, calmé et profondément touché par cette soirée. Dernier rendez-vous : le camping de Wattrelos où nous allons dormir. Un grand merci à toute l’équipe du comité de quartier de l’Hommelet et à tous ceux qui se sont associés à eux pour réaliser cette journée magnifique.

Dimanche 1er juin, Halluin : Voir les photos >>

Nous nous rendons au Foyer de vie « Altitude », pour adultes handicapés mentaux de l’Association des Papillons blancs. Son directeur, José Pagerie (et vice-président du festival) nous accueille avec Jeanne, la présidente du festival Differ’Art et quelques élus. L’édition de ce festival « Vues de femmes », s’est déroulée sur 3 jours et se clôture avec le passage de la Caravane amoureuse. Le festival Differ’Art a pour but de promouvoir les talents artistiques des personnes en situation de handicap (quel qu’il soit). Concerts, expositions de sculptures, de dessins, stands, au sein desquels des associations peuvent informer le public de leur démarche. Après les présentations, nous nous régalons du barbecue et des multiples plats préparés. Nous partons ensuite en itinérance dans la ville, avec la troupe, sur la plate-forme du bus Mimoun. Nous passons l’après-midi dans le splendide « Jardin de la Paix » où est installé le village Differ’Art. Le soleil réapparaît sur les coups de 17 h. José nous avait annoncé la venue d’Alison Lapper. Jaqueline, notre caravanière belge, nous fait part de ses ressentis à sa rencontre : « Le documentaire que j’avais vu à son sujet à la télévision il y a 3 ou 4 ans, m’avait fortement interpellée… Alors mon émotion est grande et je ne suis pas la seule. Dès sa descente de voiture, la présence magnétique de ce petit bout de femme se fait sentir… Présentations… Alison peint avec la bouche. Elle a également posé pour des photos. Marc et Cathy font passer le message de la Caravane amoureuse en anglais… Regards interrogateurs d’Alison qui a de la difficulté à saisir l’esprit et surtout l’organisation de cette troupe. Questionnements divers quant à la durée, l’entente incroyable, les conditions de vie à bord… Alors on lui propose une visite guidée du bus. Peau-L’eau le clown la hisse, en haut des marches, suivant les recommandations de la Lady (Alison est « MBE » : member of the british empire, couronnée pour son art, par Elizabeth 2 d’Angleterre). Elle trouve un siège confortable et l’ambiance est agréable dans le vieux Mimoun. Sue, qui accompagne Alison, 24 h sur 24 h, une semaine sur 2, est discrètement vigilante et présente… Un dévouement total, et l’on sent un complicité sororale entre les deux femmes. Parys, son fils de 7 ans, nous rend de petites visites régulières. Il découvre le parc, s’installe sur les genoux de sa mère ou prend la pose pour quelques photos souvenirs. « He is very good for his mum » nous dit Alison. Depuis les “Pinky arms”, le petit a magnifiquement grandi. Brigitte se réveille de son ¼ d’h réparateur, et toujours contente d’accueillir de nouveaux visages, elle salue « in english », ce qui séduit Alison et elles se lancent dans un échange photo, domaine dans lequel « the lady » excelle également. Plus tard, après le concert de Marc, nous nous retrouverons au foyer, devant une part de pizza. Feu de joie, cerise sur le gâteau que cette dernière heure de « nous dire »… Nous nous promettons de prolonger ce moment, qui sait, peut-être très bientôt, soit à Chartres, à Bruxelles ou pourquoi pas dans le Sussex de la belle Angleterre… ». Pour une découverte émouvante, site : alisonlapper.com, et « Le bébé d’Alison », documentaire de Bente Milton.

Une scène accueille une série de groupes musicaux pour un public essentiellement non-valide. Quelques talents musicaux locaux se relayent sur le podium. Atmosphère bon enfant et joyeuse. Nous y découvrons le C.U.L. (Collectif de Ukulele Lillois), groupe de chansons rigolotes aux airs folks, invitant à la danse. Les vers déclamés spontanément par notre ami sans-abri sur les musiques de Cathy sont magnifiques et lancent le concert des caravaniers. Marie-Pierre au piano improvise avec Marianne à la flûte (du C.U.L), délicieux moment de partage et de joie tendre. Un bémol : le son trop agressant de la sono qui résonne tout l’après-midi lorsqu’il n’y a personne sur scène. Alors quand vient le tour de Marc de jouer, celui-ci, nous invite à écouter le frémissement des feuilles dans le vent et le chant des oiseaux pour aller jusqu’à la frontière du silence, afin de percevoir le souffle et la grâce. Le public est saisi par cette proposition d’espace, cette ouverture vaste qui invite à une écoute plus profonde et plus intense. Cela interpelle les autres musiciens et le sonorisateur lui-même, qui reconnaissent qu’ils jouent souvent trop fort. Prise de conscience. Savourer le silence entre les sons et la musique peut naître et vivre. Alors Ivan, pianiste aveugle, ne pouvant résister à cet espace offert, vient s’immiscer pour improviser avec Marc. Deux sensibilités se rencontrent. Les gens ne parlent plus, ils écoutent. Comme c’est bon cette respiration…

A la suite d’un malentendu technique, plus un seul micro disponible. Angelina Tezanou, chanteuse aveugle, auteur compositeur interprète, qui devait improviser avec Marc, est alors un peu décontenancée. Il lui est impossible de nous offrir sa voix à capella : « Je ne suis pas encore prête, peut-être dans une prochaine caravane, j’improviserais et je chanterais à capella ! ». Oser se montrer fragile n’est aisé pour personne, alors imaginez le défi que cela peut représenter lorsqu’on est atteint d’une déficience sensorielle. Pour certains, le besoin de contrôle est plus facile à lâcher que pour d’autres. Nous espérons avec grand plaisir entendre et accompagner Angelina un jour. Puis Claire, serrant Céline dans les bras, déclament l’amour spontanément en partageant le poème d’Aziz avec Christophe à l’accordéon et Olivier à la guimbarde, avec toujours plus de joie dans le coeur. Enfin, chants et danses espiègles nous rassemblent tous, artistes valides et moins valides, sans-abri et groupe de musique, dans la joie. Une fois de plus, force est de constater que lorsque nous aimons, ni le contexte social, ni la condition physique ou mentale, ni l’âge ne font obstacle à la rencontre. Le soir après le concert, Marie-Pierre Blanchet et Alison Lapper mangent avec nous. Marie-Pierre est peintre, danseuse et poète. Elle est aussi modèle pour une photographe. Marie-Pierre, chanter avec toi et Olivier à la guimbarde est un pur bonheur. Ton rire hilare nous invite à sortir en haute mer toutes voiles dehors avec nos sons d’ici et d’ailleurs. Tes yeux parlent et dansent. Les soubresauts de ta voix résonnent aux rythmes de nos cœurs heureux de te rencontrer. Avec Mila, ton amie drôle et franche, vous nous émerveillez par tant de complicité. Quelle ode à l’indépendance ! Oui, tu es femme artiste, libre et sensuelle. Tes peintures racontent la femme dans toute sa splendeur, colorée et mouvementée. Tes textes bouleversent par tant d’intimité. Oui, tu as choisi le bonheur… Et oui… « Seule la vie sait ! » (titre d’un de ses textes).

Merci à toute l’équipe du foyer de vie Altitude et à tous ses artistes que nous avons eu le bonheur de rencontrer

Samedi 31 mai, Mechelen (Malines) : Voir les photos >>

Nous partons vers 10 h, direction le home pour personnes adultes handicapées mentales. Il s’agit d’un ancien séminaire. C’est une énorme bâtisse en briques jaunes. C’est tellement grand qu’on s’y perd… Quelques clowns et musiciens s’en vont visiter dans les étages, des personnes très dépendantes. Une dame, alitée et sans réaction depuis très longtemps, esquisse un sourire et ouvre les yeux au son de l’accordéon accompagné par la voix de Stéphane. Petite bulle d’oxygène dans son état végétatif. Moment de grâce… Quelle sera la suite ? Quoi qu’il en soit, chaque action laisse son empreinte.

Nous mangeons sur place. Le piano est posé dans le jardin. Il attend l’arrivée du public. Peu nombreux au départ, l’espace se remplit au fur et à mesure. La musique commence, douce et légère, le calme est là. Puis le clown Peau-L’eau entre en action. Les musiques s’enchaînent, de plus en plus rythmées. Les danseurs gagnent la « piste » et quelques résidents se révèlent les acteurs principaux de ce moment. Monique, résidente au chapeau rose, dans son fauteuil, bat la mesure et sourit à l’écoute des airs mélodieux. Simone, cramponnée au bras de Jaqueline, fredonne « L’eau vive » en français. Ils sont nombreux à jouer du piano, parfois, jusqu’à six mains se baladent sur le clavier. C’est toujours la danse et la musique qui font lien et qui rassemblent dans ces moments. Ces moments sont uniques et restent difficiles à retranscrire car les mots sont réducteurs. Le coeur est toujours le roi. Le but de ces rencontres n’est jamais dans la production mais dans l’interaction et le partage. Ne rien vouloir, laisser faire. Peu importe le support pourvu que l’amour circule. Nous quittons le home, Monique a suivi dans son fauteuil, jusqu’au bus-piano pour nous voir partir.

Le soir, nous sommes invités dans un quartier de Malines à la population majoritairement maghrébine et africaine et où des femmes nous ont préparé un tajine délicieux. Peu de monde mais une troupe d’enfants est là, qui n’attend qu’à taper sur leurs tambours, derboukas, bidons en plastique, marmites et plateaux en métal... Tous les ustensiles de cuisine sont de sortie pour frapper le rythme. Garçons et filles de 5 à 12 ans sont bien là, pleins d’énergie. Marc se met à jouer avec eux. Difficile de trouver le tempo dans cette percussionnite où chaque enfant s’en donne à cœur joie. Stéphane s’improvise chef d’orchestre et se met à diriger patiemment ce petit ensemble au son du tambour, permettant ainsi peu à peu qu’une cohérence s’installe. L’harmonie n’est plus très loin et l’écoute se fait plus grande. Après ce groupe improvisé, Marc joue un extrait de la « Porte des mondes » à la demande du public. Puis un duo violon piano joue des petits airs dansants. Une mise au point entre Marc, Luth et Brien à propos de la soirée manquée de la veille. Il leur explique que pour se rencontrer, l’écoute est primordiale. Le bruit ambiant et le volume sonore ne le permettaient en aucun cas. Elles approuvent ce fait. Soirée surprenante, comme toujours. Dans cette grande salle, beaucoup de vide mais en fin de soirée, les percussions prennent tout l’espace et les corps s’animent sur ces rythmes joyeux.

Nous rentrons sur notre lieu de bivouac et disons au revoir à Vera qui rentre chez elle ainsi qu’à Jo et Rick qui vont pouvoir se reposer de ce périple belge ! Merci encore Jo pour tout l’amour et l’énergie que tu as déployés dans la mise en œuvre de l’aventure. Nous savons combien l’organisation est faite d’une multitude de détails à gérer simultanément…

Pari réussi ! Grand coup de chapeau à toi et à bientôt !!

Vendredi 30 mai, Mechelen (Malines), panne de Mimoun : Voir les photos >>

Mercredi soir en rentrant de Koninksem, Mimoun, qui crachait une mousse huileuse du radiateur depuis quelques jours déjà, n’a plus supporté sa douleur et a eu beaucoup de fièvre, le voyant d’eau dans le rouge... Ca chauffe, il y a de l’huile dans l’eau !! Trois chauffeurs sont partis le lendemain matin pour Malines, tractant Mimoun avec Gédéon, à la recherche d’un garage pour effectuer l’opération. La visite de trois garages a été nécessaire pour trouver enfin Mr Jacob, mécanicien amoureux de son travail, qui, dès la réception des pièces le lendemain matin, tout en délicatesse, démonte, change les joints de culasse, et remonte le moteur en un temps record. Voilà Mimoun guéri qui reprend sa course… Hormis un réglage des culbuteurs, tout va bien maintenant. Ouf !

Nous sommes invités à prendre le petit déjeuner an centre H30 où Lut et Brien travaillent et ont organisé notre venue. Ce centre culturel atypique a pour vocation de permettre à des jeunes d’exprimer leur talent (en musique, écriture, peinture…) et d’être aidé dans leur démarche artistique propre. Après le petit déjeuner équitable (avec les produits du magasin Oxfam) nous sommes conviés à visiter le studio d’enregistrement au sein duquel certains caravaniers s’essayent au micro, délirant tous azimuts, accompagnés à la guitare par Yann. C’est le début d’une grande carrière !!! Kenneth nous fera cadeau des Cd enregistrés à cette occasion. Quel amusant souvenir !

Nous traversons cette jolie petite ville bordée de canaux fleuris, aux bâtiments et aux monuments à l’architecture flamande typique avec les toits en escalier ou en cloche. Nous installons le piano devant le centre culturel à côté du conservatoire. Petite rue pavée interdite à la circulation pour cette occasion. Vers 15 h 30, sortie des écoles, les vélos s’envolent et quelques enfants s’arrêtent à l’écoute de la musique. Ils viennent soutenir l’ensemble créé par les percussions, accordéons, piano, guitare. Quel joyeux concert ! Quelques musiciens d’H30 sont présents. Un ukulélé, une voix, un saxo, des guitares, des bongos et c’est parti pour des rythmes tantôt blues jazz, tantôt folkloriques. Les passants sont étonnés de voir ce groupe en liberté danser, chanter, étreindre ceux qui s’arrêtent avec bonne humeur avec des sourires en veux-tu en voilà… Les Flamands ne sont pas habitués à tant de débordements. Un homme d’une cinquantaine d’années, habillé en costume cravate aimerait se mettre en simple jean polo et nous rejoindre mais il nous avoue son impuissance à faire le pas, englué par sa vie, ses engagements, ses responsabilités, ayant peur des regards et des jugements… Il se contentera de nous regarder avec un sourire d’enfant et des étoiles plein la tête. Le soir nous sommes invités au Metteko, centre de jeunes qui fait des soirées Hip hop et Rap.

Là, nous est offert un repas aux couleurs des 4 coins du monde. Des saveurs épicées et douces d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du sud se mélangent pour le plaisir de nos papilles. Quel travail ! Merci à Rie la cuisinière et à toute son équipe qui nous ont préparé ce repas avec amour. Rendez-vous manqué pour la soirée qui ne permettra pas d’échanges. Le volume sonore est si élevé que nos corps sont retournés. C’est de la démolition auditive et surtout, de l’être. Nous ne pouvons rester plus longtemps, pas d’écoute possible. Nous rentrons sur notre lieu de parking pour la nuit, avides de silence…  

Jeudi 29 mai, Fort de Breendonk, Willebroek : Voir les photos >>

11 h 30 : Longue visite du fort de Breendonk. Construit en 1906, ce fort (administrativement rattaché à la Belgique pendant la guerre) a été transformé par l’occupant allemand en camp d’internement des résistants de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais. Jusqu’en 1942 il a servi également de camp de transit pour les juifs. Les prisonniers étaient sous-alimentés, vivaient dans l’atmosphère très humide du fort, dans la promiscuité (48 détenus par casmate pour 12 soldats). Le nombre de gardiens par rapport aux internés était élevé. Ceux-ci étaient d’autant plus exposés à leur brutalité et aux humiliations. Travaux forcés inutiles qui consistaient à déplacer d’un endroit à un autre, des tonnes de terre avec pelles, pioches et wagonnets. La traversée de ce fort par le long couloir bordé de casmates, est oppressante. L’une est occupée par de minuscules cellules (2 m2) où des prisonniers sont encagoulés et pouvaient être forcés à rester debout, le bas flanc faisant office de lit, rabattu. La chambre à munitions du fort était devenue une salle d’interrogatoire et de torture. 4000 personnes sont passées dans le camp et la moitié n’a pas survécu.  Nous sortons de cette visite, bouleversés. Des images de scènes de souffrance nous traversent l’esprit, un grand sentiment d’incompréhension face à cette folie humaine. Que ces lieux soient au service de la mémoire est une chose. Il est surtout important qu’ils ne soient plus seulement rattachés au passé mais qu’ils puissent être un tremplin nous permettant ce saut de conscience vers plus d’amour envers soi-même et les autres.

Sur la place de l’exécution étaient pendus ou fusillés des prisonniers. Dans ce lieu chargé de douleur, les notes d’amour qui s’échappent du piano remplacent les cris des gardiens et des prisonniers. Musique improvisée pour la mémoire et surtout le pardon. Nous sommes bouleversés à la vue des potences et des poteaux d’exécution. Il fait gris, la pluie a cessé et tandis que nos pianistes se succèdent, le ciel s’éclaire. Les notes graves et légères s’envolent vers ceux qui ont vécu dans ces lieux. La plupart des caravaniers ont les yeux rouges de larmes. Nous nous serrons les uns contre les autres pour former un égrégore d’amour. Un ancien prisonnier arrive, il accompagne un petit groupe de visiteurs, ses yeux s’embrument au récit des fusillades de ses camarades. Les embrassades entre caravaniers et visiteurs agissent telles un baume consolateur et joyeux, face à toutes ces horreurs, inscrites dans notre lignée. L’amour, toujours, quoi qu’il arrive… Pour beaucoup d’entre nous, cela restera l’un des moments les plus chargés en émotions lors de notre périple.

Mercredi 28 mai,
Ferme biologique de Kortessem et Ferme de Koninksem, Commune de Tongeren (Tongres)
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Nous commençons par une visite de cette ferme biologique qui est également un centre d’aide par le travail. Le domaine est grand, il fait travailler 80 personnes. La production est abondante. Elle est en partie vendue dans une boutique sur place. Nous visitons la boulangerie-pâtisserie et la confiturerie. Après un très bon repas, nous nous rassemblons autour des musiciens de la ferme. Un fameux numéro de batterie avec des objets hétéroclites nous est offert. D’énormes bidons d’eau, des casseroles et des caisses en plastique s’improvisent percussions. Quelques caravaniers s’en donnent à cœur joie. L’échange est très fort et de loin, l’ambiance ressentie ne peut qu’attirer les visiteurs. Peu à peu les personnes retournent à leur travail tandis qu’un noyau reste pour continuer « l’orchestre » avec nous. A notre départ, un groupe de personnes de la ferme vient chaleureusement nous saluer. Ils nous offrent à chacun un sac de toile à l’effigie de la ferme. Merci encore pour cet accueil !

Nous partons ensuite en direction de la ferme de Koninksem. A notre arrivée, la petite cour de la ferme est calme. Les personnes handicapées présentes sont assises paisiblement. Dans ce lieu, les anciens travailleurs sont hébergés dans un corps de bâtiment et continuent parfois à donner un coup de main aux plus jeunes qui s’occupent des animaux et des cultures. Nous sommes accueillis par la responsable qui nous fait une brève présentation de la ferme. Celle-ci est essentiellement tournée vers les produits animaux que nous nous faisons un plaisir de goûter au repas. Puis la cour se remplit des habitants du quartier. Place à la musique et aux chansons. Les résidents ont préparé une chanson pour les 25 ans de la ferme qu’ils nous l’interprètent avec fierté. Se succèdent ensuite de nombreuses chansons flamandes que nous accompagnons au piano. Une réfugiée tchétchène, professeur de musique, chante et joue de l’accordéon puis du piano pour l’assemblée et nous sommes touchés par la voix de cette exilée. L’atmosphère est très familiale et seul le temps qui passe nous fait quitter cette cour bon enfant.

Mardi 27 mai, Hasselt : Voir les photos >>

Rencontre dans la nouvelle prison d’Hasselt : l’univers carcéral à découvrir… Merci à André et Anita car nous savons combien il n’est pas aisé d’organiser ce type d’événement dans ces établissements. Fier et ému, il a réussi ça merveilleusement !
Un plan à l’entrée, tel le plan du métro parisien, montre combien la prison est un vrai labyrinthe. Impossible de s’y retrouver sans guide ! Chacun se fait photographier et à en regarder le résultat, nous montrons chacun un visage coupable d’on ne sait quoi… Et ces portes qui se ferment derrière nous font froid dans le dos. Accueil génial et courageux de Elke, coordinatrice des activités dans la prison, (elle y organise concerts et cours de langue). Pas facile de travailler ici et encore moins de proposer un événement audacieux qui sort du rythme quotidien… Ici, les sourires sont difficiles à décrocher… Juste cette solitude et ce silence immense… Les femmes d’un côté vont recevoir un atelier musical animé par Cathy et les hommes, un concert donné par Marc.

Du côté des femmes, 7 femmes et un enfant de 2 ans découvrent ce qu’est la Caravane amoureuse. Nous ne savons rien d’elles. Ces femmes sont si jeunes… Peut-être sont-elles là pour 10 ans ? Ou pour quelques mois en attente d’un jugement ? L’une d’entre elles va bientôt rentrer chez elle et retrouver ses enfants ?

Grand saut dans l’inconnu pour nous toutes. Une profonde bienveillance entre femmes s’installe délicatement. Les sourires s’esquissent lorsque nous expliquons les valeurs et la joie portées par la Caravane amoureuse. Ecoute, ouverture et douceur sont bien là… Cathy lance un jeu avec le tambour pour se présenter tour à tour avec nos prénoms. Nous nous apprivoisons, chacune avec soi-même, son rythme propre et les autres. Touchées d’être ensemble pour un temps. L’enfant reste d’abord dans son buggy, timide, puis découvre les instruments et s’amuse ! Une femme se met en retrait et pleure. Nous apprenons alors que sa grand-mère est décédée la nuit précédente. Nous lui proposons de lui rendre hommage par un chant doux. Les larmes coulent tendrement. Elle nous remercie chaleureusement mais préfère quitter l’atelier. Nous continuons alors ensemble avec les autres femmes à battre le rythme avec le tambour et les autres instruments. En cercle, les femmes découvrent le bol tibétain et ses harmonies. Les sons dansent et explosent entre une des femmes jouant du bol, et l’enfant qui répond en écho avec les percussions. Rires. Chants spontanés. Résonances de voix se mariant entre elles dans l’infini fragile et la joie intime… Un chant marocain s’élance et quelques mouvements de hanche se dessinent…Retrouver l’estime de soi par la danse, la musique et le chant. Et on se demande : Comment vivent-elles dans cette prison ? Quel sera leur futur de retour dans la société ? Nous sortons de cette expérience, bouleversées et différentes. Ici vraiment nous ne pouvons même pas penser : à bientôt ! Ici vraiment, nous touchons à l’immensité de l’éphémère. Une graine d’amour a été déposée dans la terre de ces femmes, nous souhaitons qu’elle pourra éclore…

Le ressenti de Cathy :
« Es tu d’accord pour animer un atelier musical dans la prison d’Hasselt ? » « Oui bien sûr » répondis-je. Malgré mon enthousiasme, j’ai un peu d’appréhension. C’est un univers qui m’est totalement inconnu. J’imagine que le lien sera difficile à créer, qu’il y aura sans doute de la distance, du refus voire de l’agressivité de la part de ces femmes. Bref, une volonté de se protéger. En réalité, c’est plutôt moi par ces pensées qui tente de me protéger. Mais de quoi ? C’est ma propre peur du rejet qui parle. Pourtant, ce sentiment doit leur être bien familier à toutes ces femmes. Et voilà qu’elles arrivent les unes après les autres, dans leur fragilité et… avec le sourire. Un ouf intérieur s’exprime alors en moi lorsque je les rencontre. L’ambiance se crée très vite. J’avais décidé avant de commencer, de justement ne rien décider, de faire confiance à ces femmes et de me laisser porter par le groupe dans tout ce que je proposerais ou créerais. Evidemment, quand tout est ouvert, cela fonctionne. Et c’est beau… Je sens l’énergie monter. Je sens aussi une connivence féminine, une reconnaissance des femmes entre elles. A ce moment nous ne sommes plus différenciables les unes des autres, pas d’uniforme, pas de signe qui nous sépare. Nous sommes ensemble. Les regards sont forts et bienveillants. Je me demande : Qu’ont-elles bien pu commettre comme faute pour se trouver ici ? Je n’ai pas les réponses et je n’ai pas à savoir. A la fin, nous nous disons au revoir en nous prenant spontanément dans les bras et en nous embrassant. Elles sont étonnées de ce qu’elles ont fait et de l’harmonie créée. L’une d’elles me dit que cela leur a permis d’oublier où elles sont. Je les remercie toutes car c’était une première et pour elles et pour nous et ce fut un moment rempli de douceur et de grâce, comme un baume délicatement parfumé ».

Du côté des hommes, André accompagnant Marc nous partage ses sentiments sur ce moment : « Je vous aime. Nous sommes semblables. Seuls les murs nous séparent. Ces murs physiques construits sur nos éducations, nos formatages, nos modèles. Merci à ces quatorze hommes écoutant les sons du piano, quatorze expressions différentes. L’un, la tête cachée dans les mains, l’autre, les mâchoires contractées. L’un, avec les yeux fermés, l’autre, dépassant d’une tête toutes les autres, pleinement à l’écoute. Et Marc qui vient à leur parler. Merveilleuse magie. Malgré les règlements de la prison qui demandaient de maintenir une distance avec les prisonniers, trois hommes, l’un après l’autre, viennent jouer au clavier avec Marc. La grâce n’est pas réservée à Bach ou Mozart, vous aussi êtes capables de jouer et de donner de la beauté. Les détenus sont touchés, certains bouleversés. Un des apprentis est au bord des larmes. Il se sentait tellement rien. Les gardiens regardent, observent, médusés, tout en surveillant leur portable inlassablement, cric crac cric crac... Entre rêve et réalité, deux heures où nous avons pu dire : je vous aime… ».

Le retour de Marc Vella :
Malgré les erreurs parfois graves commises par ces hommes, ils restent  touchants… Il nous faut résolument les éveiller à leur beauté, les réconcilier avec le vaste qui les habite. Ne pas chercher à tirer un pouvoir sur eux en les culpabilisant davantage mais leur rappeler au contraire que nous leur sommes proches, tout comme eux, fragiles, vulnérables avec nos émotions… Tout être humain est faillible. Ensemble, par la confiance et l’amour, grandissons. Il n’y a pas d’autre alternative quant au regard que nous devons nous porter les uns les autres. La campagne médiatique de démolition de l’humain, les films grand spectacle, la récurrence des infos négatives, génèrent un sentiment de paranoïa. Notre société engluée dans préjugés et jugements participe à créer ses psychopathes. Dans la prison, je pensais me trouver face à des hommes fermés, indifférents voir agressifs. Ce fut tout autre. Je suis surpris par la qualité d’écoute, le silence respectueux, le regard bienveillant même. Beaucoup de questions émergent et un intérêt certain pour l’histoire de ce piano nomade… De l’étonnement même, quant au fait d’avoir traversé tant d’horizons différents sans avoir rencontré d’hostilité. Je leur raconte un peu ma vie, mon enfance dure, mon adolescence trébuchante, mes maladresses de jeune homme. Certains se reconnaissent dans ce parcours parfois chaotique… L’objectif de tout ça était de leur montrer que l’on peut arriver à traverser toutes ces épreuves en gardant dans son cœur l’espoir, la foi en la vie et en restant aimant…
Ce fut un moment bouleversant. Un seul mot : gratitude. Gratitude pour André et Anita qui ont organisés ce rendez-vous, gratitude des gardiens de prison et des détenus envers nous, gratitude pour ces personnes qui ont su nous montrer du beau et nous permettent de croire que l’homme, malgré ses faiblesses, est perfectible. Capax Deï disait Saint Augustin, capable de Dieu.

Nous sortons de la prison et rejoignons tout le groupe qui est allé se détendre dans la piscine d’Hasselt. Nous traversons la ville pour nous rendre au « Klavertjevier café », un restaurant associatif pour les plus démunis, où les bénévoles nous ont préparé un superbe repas. De retour sur les Kanaaldock (quais), devant « Volkstehuis » (maison du peuple, l’équivalent en France de l’armée du salut), un petit orchestre nous attend : batterie, trompette, trombone, c’est le « Tevona Band » qui dépend de Tevona, asbl pour adultes handicapés mentaux. La batterie retentit et quelques djembés caravaniers viennent accompagner cette formation. Le piano prend sa place. Sur les quais, des bateaux, des mouettes, le public arrive tout autour des musiciens. Partage de Marc avec les instruments à vent. L’ambiance bat son plein, on chante, on danse pour un moment. Les quais s’enchantent. Le soleil descend doucement dans le ciel qui se colore de rouge. Les jours s’allongent…

Lundi 26 mai, Sint-Truiden (Saint-Tronc) : Voir les photos >>

Nous sommes accueillis au Centre Atlantis par Josef Vervoort, directeur et fondateur du centre. Son fils, handicapé suite à un manque d’oxygène à la naissance se guérit grâce à cette méthode audio-psycho-phonologique basée sur la méthode Tomatis. Josef décide alors de faire connaître cette approche au plus grand nombre. Il nous fait visiter son centre qui est installé dans un ancien hôtel dont l’ampleur nous surprend. Il est très renommé et fréquenté, en particulier par des allemands. Le personnel travaille avec un matériel à la pointe de la modernité, notamment avec des scanners permettant de vérifier exactement quelles sont les zones du cerveau à stimuler. La méthode Gieter consiste à combiner écoute phonique et mouvements de pédalage ayant pour but d’améliorer la coordination des mouvements… Cette approche exceptionnelle aide des gens aphasiques, autistes etc, même après plusieurs années de troubles de communication. Josef nous éclaire de son enthousiasme et de sa passion. Le café du centre nous accueille pour un repas délicieux et nous donnons un concert à l’extérieur, sur la terrasse. Nous restons un long moment avec Rosa, d’origine abkhase, de Géorgie, venue d’Erlangen en Allemagne pour faire soigner son fils Patrick, atteint d’une encéphalite à l’âge de 5 ans. Nous sommes touchés par tous les soins apportés par cette maman, par tout le désir de guérison dont elle est habitée pour son fils. Avec l’accordéon, nous dansons avec sa sœur aînée et nous amusons ensemble... Elle est très sensible à l’attention portée à son petit frère. Pendant ce temps, un jeune garçon handicapé d’environ 5 ans, vient au piano pendant que Cathy y joue. Ils font connaissance tandis que sa maman les observe avec tendresse. Très à l’écoute, il vient systématiquement jouer sur les touches où Cathy vient de jouer. Parfois, un regard furtif, parfois un sourire. Le temps de dire au revoir au piano sera très difficile…

Le soir, nous nous rendons dans le quartier du béguinage. Nous mangeons dans un restaurant splendide à la lumière de bougies. Les mets sont raffinés et délicieux… Marc donne un superbe concert dans l’église, magnifique, datant du 12ème siècle.

Dimanche 25 mai, Bande : Voir les photos >>

Journée portes ouvertes au centre de l’association SOS Village d’enfants (organisation humanitaire internationale). Quelle belle initiative de regrouper chaque fratrie en situation familiale difficile dans une même maison ! A Bande, il y a 7 maisons qui accueillent 5 à 7 enfants. Dès notre arrivée, Lucile installe méthodiquement son rouleau de papier à dessin, ses peintures, ses crayons. Elle y brosse un fond puis dessine de gros cœurs dans lesquels les enfants viennent peindre la personne qu’ils aiment. Chacun s’applique, parfois en tirant la langue… C’est magnifique. Non loin, Marie-Pierre joue du piano et invite les enfants à participer. Ils explorent avec joie les possibilités de l’instrument, et découvrent comment tout cela fonctionne…

Un peu plus loin, Marie anime à nouveau l’atelier des colliers magiques. Il s’agit de choisir un petit morceau de papier coloré, d’y écrire « j’aime » d’un côté, et de l’autre, les qualités que l’on apprécie chez la personne à qui l’on va l’offrir, en lui mettant autour du cou, avec un morceau de laine colorée en guise de chaîne. Ainsi chacun se retrouve avec des colliers pendentifs multicolores autour du cou !! Marguerite (alias Claudie en clown), arpente le village en proposant des bisous, tant aux enfants qu’aux adultes. Certains enfants essaient le nez de clown et le chapeau rouge… Un sourire illumine alors leur visage : belle récompense !

Le soir venu, après un repas partagé tous ensemble, Marie-Pierre commence en accompagnant Christelle, jeune fille qui nous chante « S’il suffisait d’aimer » reprise en chœur par tous. Marc se met ensuite au piano et propose un atelier pédagogique. Quelques enfants osent toucher le clavier pour la première fois, d’autres chantent ; ils  découvrent les sons des variacordes…, mais l’heure d’aller se coucher est vite arrivée. Au dodo tout le monde !

En cette fin de soirée, nous constatons que chaque arrivée et chaque départ sur un site, sont toujours très différents. Nous sommes bien conscients que la sensibilisation et la communication en amont par nos hôtes, sont primordiales pour permettre une meilleure synergie entre les personnes que nous rencontrons et les caravaniers. Cela dépend de chacun. Cela est inhérent à l’aventure et permet à chacun de s’améliorer et d’affiner son discernement.

Samedi 24 mai, Wasseiges : Voir les photos >>

Jo nous invite dans son village. Elle a su mobiliser toutes les énergies de la municipalité et des habitants pour nous recevoir. L’accueil a lieu dans la ferme de la Dime, lieu de convivialité et de rencontres artistiques, où les bénévoles nous attendent chaleureusement pour le repas. Merci aux « Lavandières de Wasseiges » pour la prise en charge de nos ballots de linge sale !

En début d’après-midi, le piano, sur une charrette remplie de paille, tirée par un tracteur débute son itinérance champêtre à travers le village. Notre passage est annoncé en fanfare par les haut-parleurs d’une flambante Cadillac rouge. Monsieur le Maire et ses adjoints suivent fièrement cette joyeuse équipée. Les personnes croisées s’émerveillent, les résidents de la maison de retraite sortent pour saluer notre passage, les enfants sautent sur la charrette, la musique emplit les rues. La farandole rejoint la salle de la Dime pour les festivités du soir.

La réunion de ces 4 villages fut une véritable réussite pour l’animation, la diversité et la richesse de tous ces groupes musicaux au style haut en couleur, musique yiddish, chorales, groupe folklorique d’enfants, jazz, etc … sans oublier la participation des caravaniers et toujours le fabuleux concert de Marc.

Vendredi 23 mai, Bruxelles : Voir les photos >>

Un piano assorti d’un parasol jaune en plein milieu d’un rond-point doté d’une grande fenêtre symbolisant l’entrée de Bruxelles. Non, vous ne rêvez pas ! Il est 7 h 15 du matin et le piano est bien là, nous ne sommes pas encore bien réveillés et pourtant c’est bien réel !! Café, thé et tartines sont là pour nous donner un peu plus d’énergie même si l’excitation du moment est déjà grande. Le soleil a décidé de faire la fête avec nous. L’idée ? Génialement folle, follement amusante. Le but ? Apporter un peu de joie et de poésie aux navetteurs (automobilistes faisant la navette vers Bruxelles) qui partent travailler. Imaginez-vous : Vous êtes dans votre voiture, arrivez sur le rond-point, écoutant les bonnes et mauvaises nouvelles (plus nombreuses…). Dans les embouteillages, impatients d’arriver au travail, on en oublie parfois de se détendre, d’inspirer et d’expirer avec tout ce que nous offre cette vie, ici et maintenant. Tout à coup, vous voyez ce piano, Marc déroule les musiques, tandis que des ballons cœur se gonflent, prêts à s’agiter à votre passage. Tout autour du rond-point, sur les trottoirs à côté des voitures, nous vous envoyons des bisous joyeux et fous, vous souhaitons une bonne journée, affichons des sourires rieurs. Ils s’envolent vers vous telle une prière pour que ce jour soit vraiment un nouveau jour, celui de l’audace, de l’éclosion et de la créativité. Tout à coup, un « hêtre-ange » (Alexis, caravanier déguisé moitié ange, moitié arbre) vous salue et vous sourit de son auréole. Des clowns et quelques caravaniers colorés gigotent sur le rond-point, dansent, animent cet espace si peu visité habituellement. Un clown à vélo vient à pédaler à contre- sens tout autour du piano. Un enfant et son papa circulent gaiement. Les policiers présents pour l’événement nous laissent carte blanche. Merci ! Tous les ronds-points de la terre ne pourraient-ils pas devenir dorénavant des salles de concert grandioses où les mélodies joyeuses embrasseraient le ciel ? C’est génial de dire « je t’aime » au monde entier !

Merci Nicolas pour ton audace et ta persévérance à organiser cet événement hors du commun !

Après ce grand moment, nous nous rendons à Povorello, maison d’accueil pour les sans-abri. Spécialité du pays au menu : carbonade flamande et frites, miam miam !! Puis, dans le jardin de la maison, c’est avec une infinie délicatesse que Marc se met à jouer. Nous tentons d’amener un maximum de personnes mais ce n’est pas chose aisée. Ces personnes, tellement habituées au rejet finissent par s’exclure elles-mêmes. Elles ne s’autorisent même plus à venir assister à un concert gratuit, donné pour elles. Ceux qui osent, arrivent timidement. Nous les invitons à s’asseoir. L’ambiance est sereine, d’une grande écoute. Les oiseaux donnent un concert au sein duquel Marc s’immisce. Tous les caravaniers présents se laissent aller à une grande détente, couchés sur ce tapis d’herbe douce.

Pendant ce temps, un autre groupe de caravaniers est accueilli à la maison de retraite des petites sœurs des pauvres. Après le partage du repas, nous jouons et chantons dans le jardin. A ce moment, Lili Bellts, une résidente, nous dévoile son album photo, à l’époque où elle était une vraie star à Bruxelles. Elle était chanteuse et la première femme batteuse (jouant de la batterie) en Europe ! Nous lui proposons de nous accompagner et elle ira alors chercher dans sa chambre ses baguettes « magiques » pour tambouriner sur une boîte de biscuits qui cet après-midi là a son heure de gloire et se transforme en batterie de fortune… Fort de cette bonne humeur, nous montons au 2ème étage dans un service où les personnes sont très dépendantes. Le piano de Marie-Pierre, la batterie de Lili Bellts et l’accordéon de Claire enchantent et font chanter toute l’assemblée. Les canaris, présents à la fête, se joignent à l’ambiance, de leurs chants sifflottants. Nous ne voyons pas l’heure tourner et quittons difficilement ce lieu rempli d’humanité.

Puis c’est parti pour la place du jeu de balle, très ancienne. Irina et Claire, caravanières, ont rallié une multitude d’amis, Claude nous prête sa yourte, espace intime et propice aux confidences, avec une série de courts spectacles. Des groupes de musiciens, des poètes… sont là pour ravir nos oreilles et nos cœurs. Merci à toutes les personnes de la ville de Bruxelles qui ont contribué au succès de cette fête. Merci pour cet atelier de fabrication de colliers magiques (où chacun écris un message pour  l’offrir à la personne concernée). Merci pour ces chorales multicolores qui se succédèrent pour la joie de tous. Merci Marc pour la magie de ton concert dans ce lieu insolite, merci à ce bal folk qui a clôturé cette fabuleuse et unique soirée.

Et encore Merci a toutes les associations, les bénévoles, les commerçants, à tous, tous…. Grand Merci d’avoir œuvré pour la réussite de cette soirée dont tout le public se souviendra avec nostalgie.

Jeudi 22 mai, Bruxelles : Voir les photos >>

C’est aujourd’hui Nicolas, caravanier, qui a organisé la journée. Nous arrivons à l’heure du midi et allons nous restaurer dans le parc de Tournay-Solvay et nous nous régalons de cette nature offerte. Puis Marc, Cathy et quelques caravaniers partent avec le bus piano pour l’amener dans une salle de la commune. Nous allons y rencontrer Lou et ses parents. Lou a 10 ans. Il est aveugle et est atteint d’une forme d’autisme. Lou a découvert le piano il y a maintenant 3 ans et il se passionne pour cet instrument. Depuis, dès qu’il entend une musique, il court la reproduire d’oreille sur le piano. Lou a appris seul et joue de ses dix doigts. C’est tout à fait inhabituel pour la caravane de créer ce type de rencontre individuelle. C’est un rendez-vous extraordinaire qui s’est produit à la demande d’Annick, la tante de Lou et amie de Cathy. Immédiatement Jo et Nicolas ont mis toute leur énergie et ont aidé Annick à la réalisation de cette rencontre. Et voilà le moment tant attendu pour Lou, sa tante, ses parents et ses grands-parents ! Lou s’installe au piano et commence par nous impressionner de son habileté, de sa mémoire, de son écoute, de sa passion et de qui il est, tout simplement. Il chante en même temps qu’il joue et découvre la puissance de la résonance, lui qui est habitué à jouer sur un piano électronique. Après un temps de découverte, Marc vient doucement l’accompagner et petit à petit, il lui fait découvrir chaque son émanant des variacordes. Très à l’écoute, Lou les accueille avec joie et rires, essayant chaque son encore inconnu la seconde précédente. Il chante dans le piano pour le faire résonner de sa voix, touche les variacordes, s’amuse. Ils s’accompagnent l’un l’autre et improvisent ensemble. Lou s’exclame régulièrement : « C’est beau », « c’est très joli », « c’est chouette ». Il est ébahi de ce drôle de piano ! Il terminera en nous jouant et chantant une chanson turque. C’est un moment très fort pour lui, pour nous et toute sa famille, que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

Nous nous disons au revoir et nous rendons dans le quartier de Nicolas où des résidents des Bolets, maison pour personnes handicapées mentales, nous rejoignent pour la fête du soir. Ils s’essayent au piano, chacun avec leur handicap, leur personnalité et leur sensibilité. C’est toujours unique, différent et beau à voir. Certains avec un doigt, timidement, d’autres avec les mains à plat, d’autres frénétiquement… Mais c’est toujours empli de rires que les sons s’échappent du piano. Là encore, figurez-vous qu’un buffet royal nous est offert... Chaque habitant présent, a mis la main à la pâte pour nous recevoir. Grâce à la logistique de Nicolas et à l’hospitalité des habitants du quartier, nous dormons chez les uns et les autres. Temps privilégié de rencontre et de repos pour de nombreux caravaniers. Le concert est une réussite et à la dernière note, quelques gouttes de pluie se mettent à tomber.

Mercredi 21 mai, Liège, Vottem et Wépion : Voir les photos >>

Après une nuit passée au CETH, nous nous rendons à Liège mais Mimoun (le bus piano) crève juste avant de partir. Nous sommes en effet nous aussi quelque peu crevés et Mimoun nous rappelle à l’économie d’énergie à laquelle nous devons être vigilants. Une fois réparé, ça y est, nous pouvons y aller ! Mano nous a concocté une belle journée. Nous sommes reçus par la Casa Nica, association oeuvrant pour l’Amérique du Sud. Avant d’y arriver, un policier nous accueille en bas de la rue. Nous discutons un moment avec lui et lorsque nous nous apprêtons à l’embrasser, il s’exclame : « Ah enfin, c’est pas trop tôt !! ». Surprise joyeuse de constater son ouverture. Quelques photos en sa compagnie et nous rejoignons nos hôtes dans cette rue pavée montante. Les tables sont installées dans la rue, ambiance guinguette, accordéon, on valse dans la rue, on chante. Après un déjeuner en leur compagnie, nous roulons en direction du centre fermé de Vottem. Qui sont ces gens enfermés ? Bien souvent des hommes venus chercher du travail et d’autres ayant commis quelque délit. Les premiers attendent d’entrer dans le pays tandis que les seconds devront rentrer dans leur pays d’origine. Leur malheur à tous : ils sont sans-papiers…  Sur place, une double rangée de clôtures à l’intérieur de laquelle un grand bâtiment blanc aux fenêtres protégées. A l’extérieur, le piano flanqué de deux haut-parleurs, des caravaniers et des sympathisants… Certains d’entre nous grimpent sur le toit du bus pour scander le rythme et se manifester aux personnes incarcérées. Claudie se joint à eux, du haut de son « escabelle » (comme on dit ici). A l’intérieur, des bras s’agitent à travers les barreaux en écho à la musique de Marc. Des Merci, des Bravo, de joyeux cris s’échappent des fenêtres… Que d’émotions, que ce moment nous touche au plus profond ! Au-delà des préjugés et des représentations collectives nous séparant trop souvent des autres, la musique vient, telle un pont que chacun peut emprunter pour se libérer, ne serait-ce qu’un moment, aussi fugace soit-il.

Mano nous emmène ensuite sur son lieu de vie et de travail, un habitat groupé où elle est boulangère : la ferme Vévy-Wéron. Quelle belle énergie s’y dégage ! Ils sont environ 40 à y vivre et c’est un réel plaisir de rencontrer toutes ces personnes que nous sentons dans la même résonance de coeur. Cette ferme est ouverte sur l’extérieur puisqu’elle accueille des groupes pour des stages diversifiés. Un couscous végétarien nous est servi dans la cour de la ferme, près du saule pleureur et des petits clapotis de l’eau. Puis la soirée démarre à la lumière des bougies qui éclairent le piano. Le lieu est tellement apaisant qu’il est aisé de se laisser porter par la musique du piano, telle une vague sur l’eau. Ensuite viennent s’associer au piano, violon, berimbau (arc musical brésilien), clarinette et percussion. Puis ce sont les didgeridoos qui nous emmènent dans d’autres paysages. Musique d’une grande profondeur, très reliée à la terre et qui nous relie à nous-mêmes.

Mardi 20 mai, Louvain-la-neuve : Voir les photos >>

Vous pouvez voir la video en suivant ce lien ...

Arrivée à Louvain la Neuve dans le quartier de la Baraque. Nous sommes accueillis au CETH, (centre éducatif  pour personnes adultes handicapées mentales), par Joss, Aline, le directeur, et Jo, la coordinatrice de notre séjour en Belgique. Les résidents nous emmènent par petits groupes jusqu’à  leurs maisons dispersées au sein de la ville nouvelle. Nous sommes ravis de constater comme les personnes handicapées sont indépendantes et comme leurs habitats sont naturellement intégrés au sein de la ville. Après un déjeuner partagé, les caravaniers se dispatchent dans les différents ateliers prévus dans l’après-midi : céramique, musique, peinture, fabrication du pain, équitation, visite de la ville en prévision de la création de l’atelier journal du centre, poterie avec le potier de la Baraque, mise en place de la friperie, préparation de la soirée. Rien que ça !! Du fait des petits groupes constitués, des échanges privilégiés ont lieu entre caravaniers et résidents. Nous apprenons à nous connaître.  Dans l’atelier musique animé par Cathy avec l’aide de Chloé à la flûte traversière, Bernadette nous chante une chanson congolaise (pays où elle a vécu quelques années) qu’elle rythme avec le djembé. Elle emporte le groupe avec cet air joyeux où chacun participe comme il le souhaite. Jérôme nous offre le son de sa voix avec son sens du rythme incroyable. Benoît met toute son énergie à chanter malgré ses difficultés à parler. Michets se met à danser au centre du cercle formé. Didier reconnaît toutes les devinettes de chansons. Thierry joue d’instrument en instrument, toujours impatient d’essayer les suivants. Antoine, malgré son handicap important, répond aux sollicitations avec plaisir et participe à sa façon. Ils sont tous sont très présents et entonnent avec joie la chanson « é o, é daguélo » du début et fin de séance. Les différents jeux et musiques s’enchaînent et le temps passe bien vite… Merci à tous d’avoir participé à cet atelier ! Depuis notre passage, selon Jeanne, éducatrice, un rayon de bonheur s’est installé et les résidents ont plaisir à raconter les histoires vécues avec les caravaniers durant cette journée. Cela a créé encore davantage de lien entre eux. Après les ateliers, de nombreux caravaniers vont visiter la Baraque. C’est un lieu incroyable. Eco-village disséminé dans la nature, au sein du domaine universitaire, à deux pas de la gare. C’est un endroit unique, auto-géré, créé initialement du fait d’un manque de logements étudiants, et qui s’est ensuite développé grâce aux étudiants en architecture. Ils ont ainsi mis en pratique leurs recherches sur les constructions écologiques, type zome. Mais dans la baraque, on trouve aussi beaucoup de roulottes, de cabanes, de serres, de maisons paille-terre, de maisons bois tressé. Des potagers offrent leurs légumes ça et là. La verdure embrasse tout le domaine. Lorsque nous nous y baladons, on se croirait dans un conte. Il y a quelque chose de magique dans l’air. On imagine bien les elfes et les lutins au travail dans ce décor… Quelle liberté et quelle autonomie dans ce choix de vie. Des familles avec des enfants y évoluent, y grandissent, ensemble. Encore aujourd’hui, les habitants doivent toujours se mobiliser pour que ce lieu subsiste et résiste à l’envahissement de constructions.

La soirée se déroule à la Tortue, lieu de rencontres et de fêtes hebdomadaires, où le buffet alléchant nous attend. Un feu réchauffe chacun. Néanmoins, l’humidité intense ne permettra pas au piano de rester présent longtemps parmi nous... La fête se termine au son des accordéons et des danses.

Lundi 19 mai, bivouac : Voir les photos >>

Journée repos et transition, direction la Belgique en passant par le Luxembourg où nous osons une petite itinérance avec le piano dans la ville. Ce sera court mais très sympathique tout de même… Bivouac au bord de la Meuse à Anhee entre Dinant et Namur. Comme ça fait du bien ce silence au bord de l’eau…

Dimanche 18 mai, Bischviller : Voir les photos >>

Nous prenons le petit déjeuner tous ensemble puis partons pour Bischwiller où nous sommes attendus dans un très grand centre pour personnes handicapées. Inattendu, un clown sur un rond point nous indique le chemin du centre Sonnenhof, c’est Jean-Paul qui a organisé notre venue (ex-stagiaire avec Marc et Abraham lors d’un stage clown-piano). Rassemblement dans la salle des sports, installation rapide du piano, une batterie est là. Nous faisons connaissance, les premières notes jaillissent et on se met à danser. Marc s’installe, la curiosité attire les jeunes autour du piano. Ils s’assoient l’un après l’autre à ses côtés, d’abord timides mais avec le sourire, la bienveillance et la confiance, les doigts s’agitent sur les touches blanches et noires. Poser un doigt sur une touche, quel effort pour certains mais quel résultat ! Quelle découverte pour certains de voir jaillir des sons au toucher du piano. Cathy d’un côté, Marc de l’autre, c’est une succession magique, c’est long d’attendre son tour ! Tous veulent jouer !

Les clowns avec leurs accordéons ont aussi beaucoup de succès. Un jeune se révèle à la batterie. Il part dans un rythme endiablé essayant toutes les percussions, soutenu par Nathalie qui tape sur les cymbales. Nous sommes tous autour de lui, chantons et dansons à son rythme. Instant magique encore une fois, hors du temps. Feu d’artifice de notes, de voix, de danses. « C’est énorme ! » dit Marc, le temps du cœur à cœur. Quelle joie dans ces regards croisés ! La musique est un langage universel qui va droit au cœur et qui permet aux personnes handicapées de communiquer autrement. La spontanéité de leurs réactions est merveilleuse, leurs rires, leurs yeux qui brillent, leurs éclats de voix… Alors on se sert très fort les uns contre les autres pour partager ce bonheur… Quelle belle leçon de simplicité. Vivre l’instant !

Et puis on se quitte, signes de la main, envoi de bisous à travers les vitres du bus. Nous partons au bord du Rhin pour un pique-nique, préparé par Gaston. Tables dressées au  bord de l’eau, passage d’oies sauvages et de péniches. En face, c’est l’Allemagne, la Forêt Noire, le piano est sorti sur la plate forme arrière, un concert pour la beauté de la nature et vient la pluie puis le piano, très polyvalent, se transforme en table buffet !!! Il aura tout vu ce piano !!

Samedi 17 mai, Geispolsheim : Voir les photos >>

Après un petit accord du piano, nous roulons en direction de l’Alsace, dans un village non loin de Strasbourg. Nous dormons sur une aire d’autoroute et repartons tôt le matin. Nous arrivons peu de temps avant midi dans l’enceinte du complexe sportif où nous sommes attendus à la maison des associations. Et là, eh bien, oui, nous sommes vraiment très attendus ! Le maire, le 1er adjoint au maire François, Stanissa et sa famille qui a proposé notre venue au village, des habitants, l’équipe cuisine et un groupe de danseurs traditionnels alsaciens « les Coquelicots » sont là, sur le parvis de la maison des associations. Formidable accueil ! Des caravaniers se joignent à la danse. Nous embrassons tout le monde. Quelle chaleur ! Quelle arrivée ! Puis le maire fait son discours d’accueil, nous avons une pensée pour Georges, artisan de notre passage disparu subitement. François nous donne le programme de la journée puis c’est l’apéritif avec le vin d’Alsace, les fameux bretzels et le kougloff ! Nous mangeons le beackhoff, plat de pommes de terre et de viande, délicieux ! Nous partons à 14 h en direction de l’atelier de Stanissa, artiste sculpteur, rue des suédois. Là, de nombreuses personnes sont présentes et la musique va bon train avec Stanissa au violon, son professeur et un autre élève, François à la guitare, Francis son mari, à l’accordéon. Des improvisations se créent entre Marc et les violonistes qui s’installent sur la plate-forme du piano. Un air slave circule dans l’air et nous ravit. C’est l’occasion d’aller visiter l’atelier de Stanissa qui a préparé un expo absolument magnifique sur le thème de la musique. Son atelier est un vrai bijou, tant dans les sculptures que dans la décoration de ce lieu enchanteur. Avant d’y entrer, vous traversez un chemin de cailloux, bordé d’arbres aux troncs colorés, intitulé « Chemin du bonheur », que nous inaugurons aujourd’hui !! Merci Stanissa pour ton inspiration si délicieuse. Nous nous rendons ensuite dans un quartier de logements aidés. Là, Cathy y retrouve Elisabeth, d’origine hongroise et son fils, rencontrés rue des suédois. Elle s’exclame : « Mais je ne savais pas que vous veniez ici après, vous savez que j’habite ici ? Venez monter boire un café ?! ». Et me voilà partie chez Elisabeth, qui me raconte son parcours de vie, son arrivée en France, les difficultés rencontrées…

Et puis nous saluons la troupe de son balcon, et Marc et Adrien (notre cameraman) nous rejoignent. Elle nous explique qu’elle n’a pas l’occasion tous les jours de sortir gratuitement pour écouter de la musique et rencontrer d’autres personnes. Nous parlons de la société d’aujourd’hui et du monde de la consommation. Cathy en vient à dire que la vie est chère et Elisabeth de rectifier : « Non, la vie n’est pas chère, ce n’est pas vrai, la vie est gratuite, la vie est partout, ce sont les courses pour se nourrir et vivre qui sont chères ! ». Eh oui, belle leçon de mots, quelles expressions bizarres nous avons parfois. Elle a raison Elisabeth, la vie se donne, ne se compte pas et ne se réduit pas. Merci Elisabeth pour ton accueil. Elle nous dit en partant que nous serons toujours les bienvenus chez elle si nous revenons dans la région. Pendant ce temps, Peau-L’eau amuse les enfants avec Craquouille et Libellule, une farandole, des chansons, il n’en faut pas plus pour animer et se rencontrer.

Nous repartons ensuite pour la maison des associations où les musiciens nous attendent. Une femme joue avec Marc et découvre le piano. Le soir, un buffet nous est offert puis nous nous rendons dans l’auditorium pour écouter un concert de Marc. Le maire présente Marc et fait un discours qui nous touche tous beaucoup par son authenticité sur l’amour et l’accueil. Magnifique concert puis les questions fusent, le public est très curieux de la démarche de la Caravane amoureuse. La soirée se termine avec le poème d’Aziz déclamé par Claire, accompagné d’Olivier et Christophe. Quelle belle soirée encore !!

Vendredi 16 mai, Vitry-sur-Seine : Voir les photos >>

Nous arrivons au Lycée Chérioux vers 11h 30. Nous sommes attendus dans la section horticulture où se déroule la journée. Merci à Sylvie, professeur qui a organisé la rencontre et Virginie et ses collègues qui se sont associés à elle pour vivre cette journée avec les jeunes sous le soleil ! L’ambiance est joyeuse dans ce magnifique endroit où les jeunes ont même tondu la pelouse pour nous souhaiter la bienvenue. Nous déjeunons tous ensemble en faisant connaissance avec les élèves. Nous allons à leur rencontre en leur offrant des bisous et en leur chantant « les Z’amoureux ». Une farandole se crée lentement, associant élèves et caravaniers. Beaucoup refusent même si beaucoup ont envie de se joindre à la danse... De multiples danses s’improvisent, à deux, à quatre, en cercle où chacun évolue au milieu des autres, en toute confiance. C’est beau de les voir oser, eux qui sont sans cesse soumis à la peur du jugement des autres camarades, eux qui se demandent si leur chant ou leur danse va être regardée, appréciée, eux qui doutent comme cela nous arrive à chacun d’entre nous.

Nous découvrons le fabuleux travail réalisé par les classes d’arts appliqués sur le funambule du ciel, conte sur le couple et l’amour, écrit par Marc. Ils nous offrent à chacun ce conte illustré à leur manière, selon leur créativité et leur interprétation. Merci à eux ! Les jeunes se rencontrent en musique, de jeunes femmes dansent un hip hop endiablé avec groove et sensualité, emmenées par Virginie leur professeur, et Fouta, leur chorégraphe. Le jeune Cyril se lance pour toutes les occasions de fête : un tango avec Marie-Christine, une farandole pour lancer la danse, un solo au piano, accompagné ensuite de Marc et des autres jeunes à la batterie et aux guitares, un duo de chant grégorien avec son ami Quentin. Rémy le galant aux yeux bleus étonnants et Claudie nous offrent un délicieux duo chanté. Kahina nous offre une composition à elle, fragile et audacieuse. Les mélodies de Marc improvisées la détendent et l’invitent naturellement à nous chanter vraiment  de tout son coeur, tout son amour, tous ses je t’aime et ses envies. Waouw !

Peau-L’eau (alias Olivier en clown) nous offre un solo extraordinaire surfant avec brio entre guimbarde et trompette imaginaire. Epoustouflant et drôle! Devant nos yeux ébahis et émerveillés, il nous remercie et s’engage à clowner ! Bravo ! Cette caravane donne des ailes d’immensité. Avec sa générosité, sa tendresse et son humour vif et pétillant, il nous invite à nous dire bonjour les uns les autres, à nous sourire, à nous étreindre.

La fête aurait pu continuer mais la pluie en a décidé autrement… Nous repartons déjà sur la route pour rejoindre Strasbourg. La caravane roule sur les flancs et monts de l’accueil, l’amour, l’immensité de l’être. Elle est également titillée par l’autre versant : celui qui limite, qui interdit, qui contrôle. Durant l’organisation de la caravane c’est à plusieurs reprises que chacun d’entre nous est confronté au refus, à l’incompréhension, au rejet et à d’autres moments, à la complicité, la communion avec l’autre, la joie simple et naturelle. Danse éternelle entre l’ombre et la lumière, soulignée par l’alternance du mouvement des doigts sur les touches blanches et noires de la vie… C’est toute la beauté de la vie…

Jeudi 15 mai, Amilly et Epinay-sur-Orge : Voir les photos >>

Départ de Nevers sous la pluie… Une pause délicieuse à Amilly chez Monique, une sacrée caravanière : eh oui, troisième caravane pour Monique, une assidue, une mordue de la Caravane ! Son mari nous a préparé un festin. Quant à Simone, la maman de Monique, elle nous a gâtés avec des « Merveilles » : petits gâteaux secs, que nous avons eu le plaisir de déguster dans les bus. 
Rendez-vous à la MAS (maison d’accueil spécialisée) où travaille Monique. Première découverte : les résidents. Concentré de regards et d’instants uniques. 60 résidents sont là, dans cette salle de fête. Ils nous accueillent, chacun à leur façon. Nous nous trouvons face à des personnes souffrant de handicaps très lourds, parfois prisonnières de leur fauteuil, ayant une trachéotomie, certains n’ont pas le langage…En fonction de notre histoire et de notre sensibilité, notre approche varie mais pour tous, la rencontre de ces personnes est un moment très fort. Deuxième découverte dans ce lieu : les murs sont tapissés de nos étapes depuis le début de notre périple ! Chaque ville est représentée par des photos de monuments, de spécialités culinaires, de paysages typiques, … Quel travail ! Les soignants ici rayonnent et nous impressionnent d’amour et de joie.

Le repas est fantastique et exotique. Merci à Lionel, le cuisinier prêt à partir avec nous pour ce festin de joie ! Jus de bissap (hibiscus) ou de gingembre, servi par Madame grand Sourire de Soleil, quel bonheur ! Elle nous remercie de cette vague de joie reçue lorsqu’elle nous a tous vus descendre des bus ! Amar, résident, grimpe dans le bus de Gédéon et s’y installe des heures durant. Il y fait bon vivre apparemment. Chacun des caravaniers essaie d’aller à sa rencontre… Rencontre de son monde. Une bulle espérant aller à la rencontre d’une autre bulle pour s’apprivoiser, s’approcher, s’épanouir…Cette difficulté à se rencontrer nous fait penser que nous avons souvent tous les uns les autres des difficultés à communiquer, alors même que nous sommes sensés parler le même langage... Ne sommes nous pas chacun un peu autiste parfois ? Lorsque nous n’écoutons pas l’autre et voulons imposer notre vision du monde, notre perception, notre regard sur la vie, notre façon de faire, notre façon de jouer de la musique…..Comment peut-on alors espérer rencontrer l’autre ?

Les chants préparés par les soignants touchent de plein fouet nos cœurs émus face à tant d’humanité. « Quand on a que l’amour » ou « prendre un enfant dans ses bras » touche encore aujourd’hui autrement nos âmes de caravaniers…
Nous visitons ce centre en forme d’étoile où chaque unité (pavillon) est une planète différente, Orion, Neptune, Europe, Thaïti… Ambiances différentes. Questions posées pour comprendre comment tout ce monde vit ensemble. Valère, jeune caravanier de 13 ans interroge et s’émerveille. Il est passionné et touché par toute cette humanité. Par hasard, il croit lire « résistants » plutôt que « résidents » sur une affiche. Oui ! « Pourquoi ne pas les appeler les humains résistants, plutôt que handicapés, car ils ont leur intelligence propre, leur communication à eux !? » dit-il.

La soirée est d’une grande douceur et d’une belle écoute. Les résidents présents sont tranquilles. Nous jouons d’improvisation en improvisation, dans la plus grande délicatesse. Claire, dans les bras de Christophe, sent combien tous deux dansent d’une joie douce et tendre, juste en se serrant les mains… Mathilde improvise avec toute sa vulnérabilité…
Les résidents ont confectionné des porte-photo. Chaque caravanier choisira le sien ! Merci pour ce beau cadeau !

De nombreux caravaniers sont remués par ce passage auprès de personnes si démunies. Certains de nous arrivent à danser, à apaiser quelques-uns par des bisous, des regards, des mains serrées. Pour quelques-uns, l’approche est difficile, une barrière semble se dresser ; les mots sont impossibles, les gestes maladroits, le sentiment d’impuissance est là. Heureusement le groupe donne de la force et chacun trouve sa place. Les chansons que nous entamons « en cœur » et la musique permettent de communiquer simplement. Quel travail sur soi l’on fait lors d’un tel voyage !! Nous pouvons en effet nous sentir désemparés face à cette détresse et cette incapacité à décoder les besoins ou les envies de ces personnes. Certains se demandent : Comment peut-on vivre ainsi ? Pourquoi tant de détresse ? Quelle relation dois-je avoir avec ces personnes ? Que ressentent-elles ? Comment dois-je me comporter ? Qu’est-ce qui est juste, qu’est-ce qui ne l’est pas ? L’image que nous renvoie « l’autre différent » peut être parfois insupportable. Des visages déformés, des corps disloqués, des yeux dans le vague ou qui nous fixent avec intensité sans que nous soyons toujours capables de répondre à une demande que nous ne comprenons pas. L’autre, face à moi est à la fois semblable à moi et différent. Mais  comment faire pour l’accueillir lorsque je le sens si éloigné de moi ? Lorsqu’il me paraît si étranger ? Il peut paraître évident de dire que nous avons cette humanité en commun, et penser que la compassion et l’amour vont alors de soi. Pourtant, lorsque l’écart entre moi et l’autre est si grand que parfois il me fait peur, me dérange ou m’attriste, je ne veux pas ou ne peux pas toujours le reconnaître comme un semblable et il ne me reste parfois plus que l’évitement ou la fuite. Il n’y a rien à forcer. Nous avons tous nos limites. L’amour ne se force pas mais il appelle chacun à s’ouvrir. Ces personnes nous poussent à oser cet amour inconditionnel, cette tendresse dénuée de toute volonté. Elles nous poussent à dépasser nos limites quant à notre regard. Elles nous renvoient à l’acceptation de notre propre vulnérabilité, de toutes nos fragilités. Oublier les peurs et aimer, tout simplement, naturellement. Oui, ces personnes nous apprennent tellement, nous les en remercions.

Un témoignage de Soléria, notre caravanière québecoise :
« Ma visite à la MAS m’a inspirée beaucoup d’amour et de respect pour les  personnes résidentes de ce centre. Ces êtres que l’on voit si fragiles et enfermés dans leur corps physique nous enseignent l’humilité comme des maîtres. La nuit suivant notre visite, j’ai rêvé d’eux. Ils étaient tous réunis en une danse, très synchronisée, douce et fluide. La liberté qu’ils exprimaient tous par leurs pas, par leur musique et par les mouvements de leur corps, inspirait la grâce. Dans mon rêve, les membres de la Caravane se sont joints à leur danse, formant avec eux une étoile vivante, une étoile bleue comme le bleu de ces maisons pavillons ».

Mercredi 14 mai, Lons-le-Saunier et Nevers : Voir les photos >>

8 h du matin : petit déjeuner avec les enfants et le personnel de l’IME de Lons-le-Saunier. Nous sommes formidablement reçus. Croissants, miel, chocolat chaud, jus d’orange… Quel régal pour commencer cette journée remplie de joie. Waouw ! Merci Sabine, grâce à toi nous connaissons l’accueil extraordinaire  des jeunes qui nous sautent  dans les bras pour nous dire bonjour. Le jeune Brandon se glisse dans les bras de chacun des caravaniers pour une embrassade joyeuse chaque fois renouvelée. Quel amour ! Fasciné par les clowns, nous lui offrons un nez rouge et le baptisons « Chatouille ! ».
Le piano est installé dans le jardin de l’IME et des rencontres musicales se créent.
Cette grande fête regroupe les enfants de l’IME, les personnes de la maison de retraite, les enfants de l’école primaire voisine. De nombreux enfants essaient le piano. Un groupe d’enfants accompagné de leurs éducateurs entonnent deux chants qu’ils ont préparés spécialement pour l’occasion et nous les accompagnons au piano. Le temps passe gaiement. Lucille installe son « rouleau » à dessins, sur lequel de nombreux enfants expriment en couleurs leur amour ; « Dessine moi ce que tu aimes, qu’est ce que c’est que l’amour pour toi ? ». Les clowns sont de sortie et les ballons cœur volent parmi les petits et les grands. Craquouille (alias Claire en clown) craque pour Alexandra : elles se taquinent, se cherchent, et partent dans des course-poursuite pour attraper les casquettes des garçons et les rires. Quelles chéries, elles s’adorent déjà tant… Gilles (de l’IME) souvent très nerveux, se trouve une place confortable toute en détente contre le cœur de Peau-L’eau. Par moment Gilles lui prendra la main pour battre le rythme de la musique. Audrey dans son fauteuil, accompagne tout le concert de Marc avec un enthousiasme incroyable aux bongos. Comme elle vibre pour la musique, c’est beau à voir !
Ailleurs, Soléria, notre caravanière québecoise, offre un capteur de rêves à un jeune garçon en prise à des cauchemars quotidiens. Tout fier, il s’empresse de le montrer à tout le monde.
Le repas est faramineux ! Un buffet colossal ! Merci au directeur et à toute l’équipe pour cet accueil si attentionné. Cette fête est merveilleuse et ravit tout le monde !
C’est trop rapide, il nous faut déjà se quitter,  plein de baisers volent, les larmes coulent….

Accueillir ces moments de séparation où l’émotion intense nous traverse, nous bouleverse … Mais aussi, accueillir régulièrement le départ de caravaniers et l’arrivée de nouveaux. Valse d’allers et venues qui nous poussent à accepter la roue de la vie. De petites morts en re-naissances…L’énergie est en permanence à recréer, à accompagner, à recevoir…

Plusieurs heures de route pour arriver jusqu’à Nevers où Marie-Pierre, caravanière a coordonné cette étape depuis bien longtemps avec l’aide précieuse de Nicolas Tognon de la mission locale. Oh surprise ! Le pneu d’un de nos bus explose juste en entrant dans la ville!!! Nous entendons en résonance la pression que l’on peut se mettre parfois lorsque l’on organise un événement, une étape ou toute autre chose. Chacun se donne pour que de belles rencontres se tissent mais il n’y a qu’à laisser faire la vie et surtout ne rien vouloir ! Grâce à Dominique, un élève et ami de Marie-Pierre, Christophe et Olivier, le bus est réparé. Ouf !! On a eu chaud !
La caravane se dispatche dans les différents lieux de rencontre prévus simultanément :
Un établissement de l’ADAPEI (pour personnes handicapées) nous accueille avec quelques chants préparés. Magnifique ! Princesse Marguerite (alias Claudie en clown) est splendide ! Elle félicite nos amis avec bonheur et baisers joyeux. Marie-Pierre qui travaille régulièrement avec eux, les accompagne au piano. Chacun des 10 résidents avait choisi et préparé une chanson évoquant son histoire. Certains ont même modifié les paroles pour personnaliser un peu plus leur chanson. Un résident, Jean, a joué au piano pour notre plus grand plaisir. Coup de chapeau à tous, résidents et personnel pour leur mobilisation et merci pour cette ambiance chaleureuse !
A la maison de retraite où nous sommes attendus, le piano est installé rapidement et le concert commence. L’écoute est profonde, Marc enchante tous les spectateurs. Personnel soignant, administratif et personnes âgées posent des questions sur les variacordes et l’histoire de ce piano. Au bout du compte, tout le personnel soignant souhaitait partir avec la Caravane ! La directrice leur répond alors : « Chacun votre tour sinon il n’y aura plus personne pour s’occuper de nos résidents ! ». Un grand merci pour l’apéritif, tellement somptueux !
Autre lieu, autre ambiance : le Relais Ding’Fring, magasin de vêtements d’occasion tenu par Chantal depuis 10 ans, fêtait son anniversaire. Ce magasin a pour vocation de réinsérer des personnes en recherche d’emploi. Quelle joie le jeudi matin de s’y rendre pour s’acheter quelques fripes colorées !

La soirée commence par un défilé de mode organisé par le Relais et l’Anar (association de réinsertion par la couture, la menuiserie et les espaces verts), très bon enfant, mené tambour battant par Fabien avec des mannequins du quotidien qui se sont tous prêtés au jeu. Ils étaient accompagnés par Marie-Pierre, Emilie au violoncelle et Chloé, caravanière à la flûte. Cet événement a permis à ces deux associations d’apprendre à travailler ensemble tout en s’amusant. Quelle préparation et quelle énergie déployées pour offrir ce moment de spectacle et quelle ambiance dans les coulisses !
Puis se succèdent des rencontres entre chorales (Canticorum et Opus 58), chanteurs et pianistes locaux  (Brigitte, Franck, Bertrand, Vanessa, Alain, Laurine…), 4 mains au piano (Alain et Marie-Pierre) ainsi que Roxanne au chant et Nicolas, danseur qui sont venus spécialement de Lyon et Paris pour nous offrir leur prestation. Merci Marie-Pierre d’avoir accompagné au piano toutes ces personnes et à Nadia pour ce chant merveilleux tunisien accompagné de Marc au piano. 
Petit cadeau de Gilles en partant, l’acrostiche de la caravane amoureuse!

« Cœur, les caravaniers ont un grand cœur, grand comme ça
Âme, j’ai senti l’âme de la caravane et les âmes, belles
Rien à prouver, ils vivent l’aventure, sans prosélytisme
Acteurs, tous les caravaniers sont acteurs du projet
Victoire, j’ai ressenti que souvent ce voyage était une victoire sur soi « m’aime »
Autour de la musique, des êtres et de la vie
Nevers, Oh quelle belle journée !
Encore, encore des bisous Marie-Pierre, Chloé, Inès, Soléria, …

Amour, mot non galvaudé qui prend son sens universel
Maintenant, l’instant est vécu à fond
Origine, venus de tous horizons, de toutes origines
Unique, c’est unique
Routes, coupées pour « verbaliser » des bisous
Encore, encore, encore des bisous, Valère Christophe, Olivier, Aziz, …
Un pour tous, tous pour un
Sourires, qu’ils sont beaux vos sourires de caravaniers
Encore, encore des bisous Cathy, Irina, Jacqueline, Brigitte et les autres…
                   
« Le clandestin, Gilles »

Mardi 13 mai, départ de St Amour, étapes à Bruailles et Louhans : Voir les photos >>

Tôt le matin à St Amour, les 3 enfants de Christophe se réveillent dans la caravane. Quelle nuit magique ! Dormir avec papa dans son bus ! Yaouuuuuu ! Les voilà prêts pour aller à l’école, accompagnés de quelques caravaniers et clowns! Petit air de joie et d’émotions fortes dans les cœurs des enfants ce matin à l’école ! Et quelle école ! Les « annonciades » est une merveilleuse école de village, ancien cloître où les planchers sont encore en bois, avec les nœuds usés en bosse, où les murs résonnent toujours des rires des élèves d’antan. Oui ! Chut ! Peau-L’eau (alias Olivier en clown) nous invite à bien écouter…Dans la classe de Ludivine, la grande puce à Christophe, nous venons partager notre aventure… Ah ! Cet « atchoum » de bisous, quelle allergie communicative : ça s’envole de l’un à l’autre avec joie, audace et « jentiesse » (gentillesse) ! Le sentiment de rejet fait partie des ressentis que les enfants peuvent avoir aussi bien dans leurs familles qu’à l’école. Aujourd’hui, ils découvrent surpris et hilares qu’un baiser peut nous emporter dans un pays plus vaste, là où les baisers réveillent des rires, des embrassades chaleureuses, timides ou mouvementées. La guérilla des bisous a encore fait des heureux !
Et ce poème de notre trio de choc, Zozouille, (alias Aziz en clown),  Peau L’eau (alias Olivier en clown) et Libellule (alias Christophe en clown) en a réveillé un autre : un « pot-aime » où chacun des enfants écrit ce qu’il aime sur un papier et le dépose dans un grand pot. Belle fête à l’improvisation où nous chantons et jouons leur mot. Tous ces mots d’amour ou de silence, nous les emmenons avec nous dans notre sac de voyage et les ressortirons sûrement un jour propice... Rencontre furtive avec les plus petits, la classe de Zacharie et de Jean-Elie pour partager encore des chants, des rythmes fous et des baisers tendres…
Merci chère «  Marouille », Marie-Laure, directrice touchante et touchée, pour ces larmes de bonheur partagées, oui c’est ça l’humain !
Nous quittons cette école, tout émus et repartons sur la route…

De St Amour, nous roulons jusqu’à Bruailles, tout à côté. Oh que c’est bon de ne rouler qu’une demi-heure pour arriver à l’étape suivante ! Nous sommes attendus au domaine de Chardenoux, lieu de développement personnel de Terre du Ciel, écosite sacré, Université des Savoirs et des Sagesses du monde, crée par Alain et Evelyne Chevillat. C’est un magnifique domaine verdoyant, avec un grand parc derrière le château. Il s’y dégage une sérénité très appréciable. Après un très bon repas, un peu de repos puis nous sommes partis pour une itinérance avec le piano dans Louhans. Il y a de la guérilla de bisous dans l’air !!  Nous descendons du bus régulièrement pour aller à la rencontre des personnes croisées et nous leur proposons délicatement des bisous. Pour certains c’est le oui instantané, pour d’autres, plus timides ou craintifs, c’est un peu plus long et pour d’autres encore, c’est le non catégorique…avec des réponses du genre : « c’est plus de mon âge », « j’ai pas le temps », « j’en ai déjà assez, merci ». Il y a une autre réponse ou plutôt une non-réponse : celle de l’indifférence. C’est ainsi et ce n’est pas grave, tout est accueilli. Ce n’est rien d’autre que de la peur et le reflet de notre société ultra individualiste.  Ces réactions sont minoritaires, la plupart se réjouissent de recevoir des bisous et d’échanger sur la Caravane. Les réactions les plus « froides » nous permettent de nous mettre d’imaginer le vécu de personnes vivant dans la rue, souvent las du manque de regards croisés, de sourires et qui s’enferment sur eux-mêmes, n’espérant plus qu’on leur dise bonjour. Sans le regard de l’autre, je n’existe plus. Soyons toujours dans ce regard bienveillant sur l’autre. Il apporte tellement et est tellement essentiel à chacun. Lors de notre itinérance, nous instaurons « le contrôle de bisous ». Nous arrêtons les voitures : « Contrôle de bisous, s’il vous plaît. Etes-vous en règle avec vos bisous ? Non ? Ah ! Je vais devoir vous verbaliser de 2 bisous ! ». Si la personne est en règle, alors c’est elle qui donne 2 bisous au contrôleur ! Cela fonctionne plutôt bien, la plupart des automobilistes sont amusés par ce petit jeu. Ils sont parfois même reconnaissants de l’attention.
De retour à Bruailles, nous passons une très belle soirée sous le chapiteau installé dans le parc où Marc donne un concert. Concert exceptionnel en résonance avec l’harmonie du lieu. La justesse des mots et la tendresse qui se dégagent de Marc nous exaltent. Soirée hors du temps… Les questions des enfants et la délicatesse des réponses de Marc ouvrent les cœurs. A notre grande joie, de nombreux habitants de St Amour nous ont rejoint pour ce moment. Nous retrouvons des visages familiers. Plusieurs de ces personnes témoignent de ce que leur a apporté cette journée à St Amour en notre compagnie. Gilles, ami de Sabine, revenu pour le concert, partage combien il s’est offert un moment de bonheur en lisant le site… Merci à Micheline, 83 ans, comédienne avec une pêche incroyable dans un costume tyrolien orné de coeurs, Chloé au piano et Christian le flûtiste pour une improvisation délicieuse, ou encore Bassam à la guitare et Aline pour une chanson de Brassens : « Les oiseaux de passage » !......

Lundi 12 mai, St Amour :

Nous arrivons pour l’heure du repas, nos hôtes nous accueillent avec bienveillance, dans la cour de la maison de l’enfance, sous le soleil. Les résidents de la maison de retraite et du foyer-logement ainsi que les parents d’élèves se sont réunis pour se joindre à nous. Tous les âges sont représentés. De joyeuses mélodies s’éveillent après ce délicieux buffet. Danses et chants populaires sous les arbres dans le petit parc. Un souffle apaisant et serein habite ce lieu. Hervé, le saxophoniste, la joueuse de flûte à bec et Paulette, résidente de la maison de retraite. Ah ! Paulette qu’elle est belle quand elle chante le plus beau tango du monde !  Elle battra la mesure avec nous tout l’après-midi.

Nous nous rendons à pied à la maison de retraite toute proche à 16h et nous installons le piano sous le kiosque en bois. Nous apprenons par la responsable, après le concert, que nous avons inauguré ce kiosque sans le savoir. Très beau concert varié : la voix de Lila séduit les résidents, le doigté de Cathy les emmène dans un rêve. Jean-Jacques, avec sa casquette de marin dira son émotion : « Cette dégringolade de notes, quelle douceur, quelle tendresse, ça fait longtemps que j’avais pas été ému comme ça, j’ai retenu mes larmes ». De la Caravane, il ajoute : « On a la même structure de cœur, vous êtres amoureux de tout le monde, on se comprend parce que moi je suis un peu comme ça aussi. Brigitte et Cathy, elles m’ont dédicacé des bisous sur la joue, je vais plus me laver pendant au moins un mois !! ».

Retour à la maison de l’enfance pour une soirée entre les caravaniers et les habitants durant laquelle nous chanterons tous « en cœur » et apprendrons les danses « du coin » au son de l’accordéon, joué par Monique, une habitante de St Amour tandis que Sabine nous apprend les pas. Une chorale s’improvise autour de Marie-Pierre, Claire et Cathy. Même les hommes les plus récalcitrants sont entraînés par l’effervescence musicale. Inès, caravanière nous touche profondément par son interprétation d’une chanson qu’elle affectionne particulièrement. Quelle surprise et quelle douce soirée !

Dimanche 11 mai, Village du lac, Devesset : Voir les photos >>

Nous partons de Conques dans la nuit suite à un problème technique rencontré avec l’un des bus. Arrivée vers 3 h du matin sur une aire d’autoroute, nous reprenons la route le matin pour l’Ardèche et arrivons au Centre Présence, lieu de développement personnel où Marc et Cathy donnent régulièrement des stages. S’y déroule un colloque intitulé : « Les mystères de l’amour, entre fantasmes et réalités » durant lequel Marc est invité à parler de la Caravane amoureuse et à donner un concert magique comme toujours. Les caravaniers ont eu l’occasion d’assister et de participer aux tables rondes et ateliers divers.
En fin de soirée, Aziz déclame un poème sur l’esprit de la Caravane (qu’il a écrit la veille), accompagné de Christophe à l’accordéon :  

"La caravane

Amis
Voyez vous
Voyez vous passer la caravane
Toute vêtue de myriades de couleurs se mariant chaque jour entre elles,
Rendant grâce au soleil, aux champs de blés trempés d’or,
aux coquelicots rougissants, aux jeunes plantes renaissantes,
comme aux feuilles mortes, mortes d’avoir trop dansé avec le vent.
Voyez vous mes yeux s’ouvrirent grand et mes lèvres s’étendrent vers l’infini,
lorsque je regarde passer la caravane.
Entendez vous l’agitation amoureuse des caravaniers assoiffés de vie,
entendez vous chanter l’accordéon qui dit :
Pour vivre rien de plus simple, il suffit d’inspirer et expirer,
l’amour qu’il y a partout autour de nous.
En cherchant à nous accorder.
Amis, voyez vous cet homme envoyer aux anges des notes de musique,
qu’ils portent sur leurs ailes, d’une étoile à une autre, en passant par nos cœurs ?
Amis, cette caravane, c’est le battement de ton cœur qui la fait avancer.
Sillonnant les artères de l’humanité pour aller vers l’infini de soi.
Ce pays colorié d’arcs en ciel né du mariage entre la pluie et le soleil."
Bravo Aziz !!

Ce passage a été l’occasion de rencontrer la Caravane des cercles magiques, qui invite chacun à faire battre les tambours pendant 36 h non stop au rythme du cœur. Quel beau message et quelle puissante énergie ! Lorsqu’on entre au cœur du tipi, l’être vibre en résonance avec les tambours. Magnifique synchronicité que ces deux caravanes se retrouvent au même endroit.

Samedi 10 mai, Aurillac, Grand Vabre, St Cyprien et Conques : Voir les photos >>

8 h du « mat », une ville qui ne nous attendait pas et que nous avons surprise au réveil. La Caravane multicolore et costumée, débarque en « fanfare », au son des accordéons, des flûtes et des tambours, tels des troubadours. Envolée de bisous sur le marché d’Aurillac, étonnement des passants, bel accueil des marchands. Nous regagnons rapidement les bus à travers le vieil Aurillac pour aller sévir à Grand Vabre où nous sommes chaleureusement accueillis par Claude Ollive et son épouse. Dans ce petit village, Marc fait son Roméo ; il grimpe jusqu’au balcon pour embrasser la doyenne du village, experte en confitures. La restauratrice du village nous offre une aubade que nous accompagnons en musique. Nous arrivons à St Cyprien pour le repas du midi, accueillis par un élu au micro dans les rues du village de pierres rouges. Moment insolite… L’officialité de l’annonce contraste avec le peu de monde rencontré. Merci pour cette découverte de l’aligot, spécialité aveyronnaise.
Conques, 14 h. Passage des pèlerins sur le chemin de St Jacques, croisement de deux itinérances dans ce lieu chargé d’histoire et d’énergies. Nous arpentons les ruelles pavées, chantons, jouons la sérénade aux doyennes de ce lieu, guidés par Claude. Les yeux brillent… A l’école primaire, de jeunes élèves apprennent le tissage avec Christelle. Les fils de trame viennent d’Aubusson. Patience, agilité des doigts et beauté des couleurs. Nous sommes admiratifs.

Marc nous livre ces impressions sur son passage à Conques :
« Depuis le 19 avril 2008, presque 3000 Km parcourus, une trentaine de villes… Que du bonheur à chaque fois.  Rouler, rouler, rouler d’un lieu à un autre, je passe mon temps à rouler. Je ne suis plus pianiste, je suis routier. Nous sommes le 10 mai, Conques s’offre à la caravane amoureuse… Lieu prestigieux à l’histoire prestigieuse. Le village met à disposition un grand parking pour les bus et les campings cars. A 17 heures, improvisation avec le père Jean-Daniel présentant le tympan de l’église de Conques au public. Le monument est superbe, ancré au sol, dressé dans toute sa hauteur, perdu vers le ciel… L’entrée en impose par ses bas-reliefs, ses signes et symboles… Pas encore à l’intérieur, que déjà le voyage commence. Chaque expression sur les visages sculptés raconte tant et tant de choses… Les scènes sont fortes, intenses, elles me remuent et touchent tout le profond de mon être. Les signes sont puissants et nous ramènent à l’idée d’un monde manichéen où la plupart des Hommes sont considérés indubitablement comme pêcheurs. La première arme de destruction massive est sans aucun doute la culpabilisation. Cette dualité est pleinement traduite sur le tympan de l’église de Conques. On y voit des Hommes en proie à la peur et à la honte, ou d’un côté, il y a les justes récompensés avec les anges et de l’autre, les pêcheurs punis avec les démons… Mesurons l’aberration de cette croyance, celle qui nous fait penser qu’il y aurait le mal qui pourrait mettre le bien en péril. Mais si Dieu est aussi puissant que certains le prétendent, comment le bien pourrait-il être mis en danger ? Pourquoi avoir peur ? Ne nous laissons pas abuser. Si je vous disais que le mal c’est toujours du bien en devenir, que l’ombre tout comme la lumière sert la vie, qu’anges et démons sont alliés, qu’ils dansent ensemble et servent le même rêve. Non, Dieu ne punit pas sinon il se punirait lui-même. Non, Dieu ne juge pas, sinon, il se jugerait lui-même... Il n’est que pur accueil, car tout ce qui a été, ce qui est et sera, va de soi. Quoiqu’il arrive, la vie chante et tout coopère à la réalisation de ce chant.  Là est le secret du fragile équilibre, mais éternel, de l’univers tout entier. Et puis, je me scanne rapidement, vérifie ma tenue, et sur la pointe des pieds, j’ose Sa demeure. Dans ma vie, j’ai appris à contempler Dieu dans un grain de sable, dans les cathédrales, les temples ou autres, je vois surtout le nombril des Hommes, mais cela dit, je dois bien avouer que c’est sublimement grandiose. Oui, sans aucun doute, même s’il y a de la vanité, Dieu, en ce lieu, est présent. De toute façon, citez-moi un seul endroit où il n’y serait pas. Cependant, la foi offre à l’Homme le dépassement. Le chanter permet la démesure. Je marche en silence entre les colonnes, c’est tellement beau que partout où se pose mon regard, il se perd. Emporté par les détails de tel ou tel vitrail, égaré dans l’illimité de la voûte minérale, laissant apparaître quelques recoins oubliés, repaire secret d’une gargouille ou d’un Quasimodo, allez savoir. Même l’air que l’on respire dans cet endroit surnaturel semble différent. Il reste encore ici et là des molécules d’oxygène qui datent du Moyen-âge. Quand cet édifice fut bâti, il arriva bien un moment où l’on mettait les dernières tuiles sur le toit, les derniers carreaux aux vitraux, et où l’on ferma portes et volets. Ainsi, l’air de l’ancien temps se trouva là, enfermé pour toujours. Et cet air sent les chaînes, les bourreaux et le vieux sang. Il sent la sueur de ceux qui se sont tués à la tâche pour bâtir cette montagne de la ferveur, il sent la passion de ces merveilleux architectes, la fièvre des artistes sculpteurs et artisans, des orfèvres et tailleurs de pierres, il sent l’ivresse des hommes ivres de Dieu. Cet air sent aussi la peur et l’espérance accumulées par les siècles, des fidèles infidèles qui sont venus par légions s’abandonner sous les ogives silencieuses. Et cet air nous rappelle à notre solitude égarée… A chaque pas je m’interroge. Suis-je assez digne et beau à Ses yeux ? Dans les allées, on ne peut que marcher lentement, tant, tout vous parle. Peut-être les réponses à mes questionnements dans cette statue qui me regarde, dans ces pierres posées là, avec la conviction de l’évidence. Même le sol évoquant un labyrinthe usé par les foules m’appelle et m’inspire. Chaque dalle porte en elle tant d’empreintes et de souvenirs… Comment ne pas s’y perdre ? La seule issue est de revenir à soi, toujours… Je longe un mur, une porte. J’essaye de l’ouvrir. Fermée… Elle dissimule sûrement des escaliers qui mènent aux sombres coursives que je devine en haut. Qu’y a-t-il là haut ? J’aimerais vivre là, être comme Quasimodo, pour y percer tous les mystères, grimper aux colonnes et rire, rire de la joie simple d’être. Et dans cette forêt de secrets, y installer mon piano pour la tapisser de musique enlacée de silence et voir danser ensemble anges et démons, le Christ et ses assassins, les fous, les ignorants et les Saints. Je marche si doucement que j’entends le cierge se consumer, et avec lui, le murmure de la haute espérance. Je marche si doucement que j’entends se parler ténèbre et lumière. Dialogues enchantés qui régalent un Christ immense mis en croix, que je n’avais pas vu encore, qui m’apparaît si soudainement que j’en tressaille… Et là, sans que je ne puisse expliquer quoi que ce soit, je vais vers lui bouleversé et m’agenouille. Je suis si troublé que doucement je me mets à lui parler… « Et dire qu’il fut un temps où je voulais te décrocher de toutes les croix… Te voir ainsi crucifié, j’en comprends le sens, mais il serait tellement temps que l’on t’en libère. Quelle prétention, quelle arrogance de ma part, je le reconnais, de vouloir remettre en question l’établi, et pourtant, j’avais juste envie de te détacher pour te mettre avec nous, sur un feu rouge, parmi nous, au coin d’une rue, de nouveau libre et heureux, dans un champ, un bois, une place de village avec sa fontaine, pouvant nous faire signe par ta joie et non par ta souffrance. Toi qui nous as enseigné l’Homme debout, l’Homme affranchi, d’autres nous entravent encore, nous apprennent à avoir honte et nous mettent à genoux face la vie. Cela dit, moi qui avais ce désir naïf de te libérer, qui suis-je pour seulement oser le rêver ?  C’est alors que j’entendis à l’intérieur de moi, une voix me dire : « Quand tu agis, par toi, je suis décroché. » Ce fut comme une révélation pour moi. Une révélation douce et paisible, ne heurtant aucune sensibilité, ne renvoyant qu’à moi-même, réveillant mon je suis, délaissant le passé mort à jamais pour ne vivre que l’instant donné, ouvert au meilleur qui s’appelle non pas le futur, mais la joie ».

Lors du concert dans l’église, instant magique avec les voix de Marie-Pierre, Catherine et Cathy, jouant avec cette belle acoustique. Nous quittons l’église. Les vitraux de Soulages se teintent en bleu et or.

Vendredi 9 mai, Clermont-Ferrand : Voir les photos >>

Comme dirait Valère, le plus jeune caravanier « La Caravane c’est que du bonheur !! ». Nous découvrons tous les jours sur la route, non seulement la beauté de la nature qui éclot et l’énergie de la lumière qui s’étire mais aussi l’humain qui se révèle. Nous sommes chaque fois étonnés de l’accueil qui nous est réservé et c’est avec infiniment de gratitude pour la grâce offerte que nous allons le chemin. Nous sentons qu’au-delà de la rencontre individuelle et éphémère, se distillent les effluves d’un parfum d’espoir. On sent cependant que la ville ne facilite pas l’échange et isole l’humain dans la peur qui peut prendre de multiples formes. Heureusement nous sommes amenés à rencontrer les piliers du terreau associatif. Ces hommes et femmes qui mettent leurs énergies au service de l’autre…

Le lendemain matin, nous prenons la route direction Clermont Ferrand après une nuit au camping de la clé des champs. Oubliant pratiquement le marché, le démarrage se fait attendre. Ainsi nous rejoignons l’association des chom-actifs (en partenariat avec huit autres associations) dans une petite maison cachant un écrin de verdure voué malheureusement à la destruction. En effet, le quartier sera rasé d’ici peu de temps. Nous saluons les personnes présentes et repartons pour les halles du marché. Nous distribuons chacun un peu de joie et d’amour puis plions. De retour à Chom’actifs, nous partageons le merveilleux couscous et les gâteaux préparés par Afida (de l’association Espoirs de femmes), en musique et danse. Son sourire est à l’égal de sa générosité. A la fin du repas, Christiane à l’accordéon avec les cornemuses nous entraînent dans une bourrée endiablée. Dans l’après midi, nous transportons le piano dans le parc de l’Ecluse dans le quartier de la Gauthière. Le jardin a été mis à notre disposition pour le concert par la mairie. Pas toujours facile de rassembler autour du piano une écoute pour chacun. Nous commençons par des chants d’enfants et au fil de l’après-midi, nous sentons l’énergie qui circule de plus en plus. Nous nous retrouvons autour du piano pour partager des chants populaires, dégustant le thé à la menthe et les gâteaux d’Afida. Le piano est l’épicentre de nos rencontres, cependant, il peut parfois intimider par sa prestance. Ce sera donc le rythme du djembé qui opèrera cette fois pour s’immiscer dans un groupe de femmes maghrébines de tout âge, qui nous ensorcelleront de leur joie mélodieuse. De belles amitiés se créer parfois parmi les gens rencontrés. C’est toujours avec un petit pincement au cœur que nous quittons les lieux. Une dame dira : « Quand est-ce que vous repasserez pour que ça continue ? ». A la demande des femmes du quartier, nous faisons une photo de groupe devant Mimoun.

Nous roulons en direction d’Aurillac et sur une aire d’autoroute, des gâteaux sont partagés pour l’anniversaire de plusieurs caravaniers. Surpris de l’abondance et de la bienveillance que cette caravane draine, c’est plein d’amour que nous nous endormons.

Jeudi 8 mai, Saint Nectaire : Voir les photos >>

Nous arrivons dans ce magnifique village d’Auvergne sous le soleil et le grand bleu. L’accueil et le repas se font sur l’emplacement de l’office de tourisme. Sept des restaurateurs de St Nectaire se sont mobilisés pour nous offrir ce repas ! Les spécialités sont mises à l’honneur, avec entre autres, évidemment. le St Nectaire. Cécile, sœur de Francis, caravanier et un groupe d’amis ont organisé notre venue. Les différents artisans (potier, confiturière, sabots, fromagère) et une artiste peintre du village viennent nous saluer lors de ce repas. Ils nous ouvriront les portes de leur atelier dans l’après-midi.

Départ vers 15 h pour le haut de St Nectaire à côté de l’église romane où se déroule un vide-grenier. Un groupe de musiques auvergnates nous fait découvrir les pas de danse en costumes traditionnels et sabots. Une autre facette du patrimoine s’offre à nous qui risque malheureusement d’être vouée à la disparition si une relève des jeunes n’est pas assurée.
16 h, nous nous rendons à la maison de retraite du village. Moment fort en émotion, beaucoup de joie pour tous ces résidents qui sont venus écouter « les artistes ». Nous étions très attendus. Marc emporte un public attentif et curieux au son des variacordes, musique inattendue dans ce lieu : « On n’a jamais attendu ça ! ». Avec leur animatrice, arrivée depuis peu dans la maison, ils nous ont écrit un superbe poème sur l’amitié. Aujourd’hui c’est l’anniversaire d’une des résidentes qui a 94 ans. Son regard et son sourire en disent long devant cette déferlante d’affection et de bisous qui lui est offerte. Plusieurs dames présentes pour ce moment ont appris le piano par le passé, dont une qui est centenaire ! Elle ré-essaiera, timidement avec l’aide de Marie-Pierre et Francis, à reposer les mains sur le clavier. Elle dira, suite à cet échange son envie de reprendre. Il ne reste plus qu’à dénicher un piano !! Une autre dame, s’est mise sur son trente et un. Très coquette, elle jouera et chantera sur un air de Carmen, accompagnée au piano. Après ce chant, elle est toute bouleversée et dit à Jacqueline, caravanière : « Ce soir je peux mourir, j’ai vécu un moment merveilleux ! ». Jeanjean, résident de la maison nous amusera beaucoup avec ses envies de femme clairement exprimées, quel filou ce Jeanjean ! Il fera tout pour recevoir un maximum de bisous de nos caravanières. A un autre moment, pendant que Marc joue, un autre résident très joyeux se lancera dans une danse folle avec Cathy. C’était un très bon danseur autrefois, lui dit-il : « Je dansais tout, tout, tango, valse…ah ça y allait ! ». Pendant ce temps, d’autres caravaniers sont allés rendre visite aux artisans du village : confiturière, fromagère, artiste peintre, surprenante ; elle « tapisse » entre autres ses murs de poèmes écrits avec des fils de cuivre !

Nous avons ensuite rendez-vous devant l’église romane pour une visite commentée. Là nous chanterons quelques chants avec Marie-Pierre au piano. Stéphane nous proposera ensuite d’improviser tous ensemble sur Alléluia. Moment de pureté et de communion profonde dans ce lieu magnifique et d’une acoustique parfaite.
Malgré l’humidité, le froid et le vent, le concert de Marc devant l’église rassemble tout le monde. Marc nous invite à nous rapprocher les uns des autres pour nous réchauffer.
St Nectaire aura réuni aussi des familles : notre caravanière québecoise Soléria retrouvera de la belle famille dans l’Auvergne profonde ! Ce jour, nous sommes ravis de constater que l’énergie de la Caravane amoureuse s’amplifie au cours de nos étapes. Les rencontres font boule de neige : des personnes nous ayant vu à Beauchastel préviennent leurs amis de notre passage à St Nectaire. La toile se tisse…   
Ce fut la dernière soirée en compagnie de l’éthiket bus, avec qui nous avons tous sympathisé. Les djembés conclurent cette soirée, avec de beaux chants entre frères de coeur au piano, accompagnement de batterie et derboukas.

Mercredi 7 mai, Montbrison : Voir les photos >>

Nous arrivons à Montbrison vers 11 h. La place du village est libérée pour les trois bus, on dirait un carrousel. L’équipe du centre social : Amélie, Christian, Gilbert, Adeline nous accueillent chaleureusement. Gilbert, le chef « cuisto » nous a concocté des plats de rêve. Gilbert tient à nous dire que son chef était Marc Vera, c’est drôle non ?

Au fait Marc, c’est bien toi qui parlait de banquets non ? Eh bien c’est vraiment réussi ! Mais avant de les déguster, nous partons avec le bus piano pour une petite itinérance dans la ville. Cela nous permet d’annoncer à tous les gens croisés, notre arrivée dans la ville et le concert festif du soir.
Après le repas, certains se reposent tandis que d’autres aident déjà à préparer celui du soir (si, si !!). C’est ainsi que nous faisons la rencontre de Paulette, une petite dame âgée bénévole qui crée des vases avec des bouteilles en plastique, décorés avec des sachets plastiques travaillés en crochet. Travail d’orfèvre, incroyable et très beau ! A la tendresse qu’elle reçoit, elle répond : « J’ai jamais rencontré des gens comme vous, c’est vraiment extraordinaire cette journée, merci, je regrette pas d’être venue ».

Nous partons vers 17 h pour une 2ème itinérance dans la ville. Certains créent des péages de bisous sur la route des automobilistes, d’autres s’arrêtent sur les terrasses pour y rencontrer les gens. Nous nous rendons dans la cité Beauregard à la rencontre des habitants et rencontrons entre autres, Nacer, chanteur yougoslave, et Roberto son ami, à la derbouka. Une improvisation se crée avec Marc au piano. Ils acceptent de venir au concert du soir pour jouer sur la place devant le centre social. Des échanges et des jeux se créent avec les enfants, Lila se roule dans l’herbe, retrouvant ses 10 ans. Le soir venu, c’est le premier concert que nous donnons sur une place de village. Il y a un côté estival et festif avec ce brassage de populations et de générations. L’ouverture est bien là.

Nacer et son ami viennent jouer, amenant leur famille et leur musique depuis la cité jusqu’à la place du village. Un groupe de country, un groupe de rock, un guitariste, un ex-caravanier Jean-Pierre (de Roumanie)…jouent, chantent, dansent, content, les uns à la suite des autres. Après le concert de Marc, une improvisation se crée entre Marc, Nacer au chant et un jeune djembéfola. Trio impromptu qui nous transporte tous dans un voyage au cœur des cultures métissées.

Mardi 6 mai, Lyon et Villeurbanne : Voir les photos >>

Ce matin, en route avec les guerriers de l’arc-en-ciel pour le marché de Monplaisir. Ils ont l’habitude d’y jouer et de faire ce qu’ils appellent « de la récup » en fin de marché, c'est-à-dire, de récupérer tous les fruits et légumes, délaissés, considérés trop vieux ou abîmés. D’une grande générosité, ils nous offriront des cagettes remplies de victuailles ainsi qu’une compote faite avec amour. Merci, merci les arc-en-ciel !! Peu de monde et peu d’ouverture sur ce marché où nous ne sommes pas vraiment les bienvenus mais nous n’oublierons pas le sourire de Christelle, jeune femme émue aux larmes quand nous l’embrasserons tous avant de repartir.

Nous quittons ce lieu pour nous rendre au siège social de la NEF, banque équitable et partenaire de la Caravane amoureuse. Belle initiative que celle de son président Jacky Blanc, qui nous propose ce rendez-vous la veille pour le lendemain. Organisant notre venue, il propose d’inviter la Caravane pour le repas du midi et d’offrir à ses salariés et partenaires un concert de Marc sur le temps de la pause déjeuner. Le piano entre une fois de plus dans un espace réduit mais il passe !! Le hall d’accueil dans lequel a lieu le concert est rempli et le silence est présent pour ce moment de grâce à l’écoute de la Porte des mondes.

Après le repas, nous passons par la gare de la Part-Dieu où Olivier, un caravanier belge nous rejoint. Avant qu’il n’arrive, nous nous lançons dans une « guérilla de bisous », auprès des passants et des voyageurs sur la place piétonne qui mène à la gare. Voilà concrètement comment ça se passe : le bus s’arrête et c’est alors une trentaine de caravaniers qui se mettent à courir en étoile pour un assaut de bisous furtifs, doux et rapides.  Les personnes touchées sont très souvent réceptives et accueillantes, toujours surprises, parfois craintives, voire agressives : un vieux monsieur lèvera sa canne sur un caravanier, de peur qu’on ne le vole ou l’agresse. Eh oui ! Ce n’est pas tous les jours que l’on vous propose un bisou, et même avec tact et respect, ça ne passe pas toujours…Opération réussie en 5 minutes environ, nous touchons de nombreuses personnes et remontons dans le bus, ni vu, ni connu, si l’on peut dire !! Conquis par cette offensive, Edouard, jeune photographe décide sur le champ de monter avec nous pour continuer l’aventure !

Nous partons ensuite en direction de Montbrison (près de St Etienne). C’est Lucille, une caravanière, qui a organisé notre venue là-bas.
Avant de vivre cette nouvelle journée, nous cherchons un endroit pour bivouaquer. Nous trouverons un superbe lieu de bivouac pour la nuit, au bord d’un lac. Non sans difficultés, tournicoti, tournicoton !! Nous sommes tous ravis d’y arriver après plus d’une heure de recherche, d’allers-retours, de gauche, de droite, de tout droit, de demi-tours…Eh oui, c’est qu’il faut les placer nos trois bus, nos camping-cars, voitures et l’Ethiket’bus qui nous accompagne, et ce n’est pas une mince affaire ! Pour peu que l’on ait quelques difficultés à communiquer et alors tout se complique !! Ah mais c’est aussi ça la Caravane amoureuse ! Sur cet espace apaisant, un air de ginguette se fait sentir sous la toile et les lampions de l’Ethiket’bus, les airs d’accordéons, de guitares et les chants. Bonne nuit étoilée à tous !

Lundi 5 mai, Lyon

Après une bonne nuit passée dans la friche artistique et un bon petit déjeuner, nous nous dirigeons dans l’espace de Toni qui nous reçoit avec les guerriers de l’arc-en-ciel pour une improvisation des plus poétiques et des plus insolites. Toni est concepteur, sculpteur et danseur. Il construit de gigantesques formes sphériques avec lesquelles l’homme peut danser, dessus, dessous, dedans. Elles roulent au gré des mouvements de danse. Il les appelle des « Zigroller ». Ses structures ont été mises à l’honneur lors de la cérémonie d’ouverture des JO d’Albertville. Toni se met à danser avec sa forme, accompagné de Marc. La chorégraphie a quelque chose de fascinant. Au fur et à mesure, Uto (guerrier de l’arc-en-ciel) et ses acolytes, se mettent à jouer, du gong, de sa « trompette » rouge, Cathy, Stéphane se mettent à chanter, et de plus en plus, nous sentons l’énergie monter. Marie, élève danseuse de Toni, le rejoint pour un superbe duo. L’envoûtement se crée. Le lieu est imprégné de cette magie qui s’offre à chacun. Moment d’une autre réalité…

L’heure du midi arrive, c’est l’installation des tréteaux, tabourets et tout le toutim ! Nous mangeons décidément beaucoup dans cette caravane, mais toujours tellement bien ! Vers 15 h nous partons avec le bus piano pour notre première itinérance en ville, et pas des moindres ! Nous nous dirigeons jusqu’à une radio locale : Impact FM où nous attend Denis, l’animateur radio. Ce trajet est surréaliste ; un piano qui se ballade à travers les automobilistes, les cyclistes, les piétons…et les gaz d’échappement. Nous sommes au moins cinq, six sur la plate-forme qui porte le piano. Toutes les réactions sont visibles, allant de la surprise à l’incompréhension en passant par l’émerveillement. Nous nous régalons des sourires, des regards et des bisous que nous lançons aux passants et aux automobilistes et auxquels les gens répondent souvent, même s’ils sont parfois gênés, comme honteux de leur geste d’amour, de leur signe de main ou de leur sourire… Comme si la proximité entre humains devait se justifier par un signe caractéristique d’appartenance, une raison « valable », un lien filial…Comme nous sommes étranges, nous les humains, qui avons pourtant tous cette humanité en commun...Comme si ça ne suffisait pas pour s’aimer. Un homme en scooter se proposera gentiment d’emmener notre caméraman, Nicolas sur sa bécane, pour filmer ce trajet urbain. Nous arrivons sur le lieu de l’interview où nous garons le bus piano devant la radio. Marc échange en direct avec Denis, un homme très sympathique et dynamique. Les questions qui surgissent dans les interviews sont un peu toujours les mêmes : Pourquoi cette Caravane ? Que faites-vous dans la Caravane ? Comment est-elle née ? Que faut-il faire pour en faire partie ?  Marc parvient toujours à répondre à toutes les questions avec beaucoup de tact, de précision et de concision, comme si c’était la première fois qu’on les lui posait. Nous repartons ensuite, heureux  de ce moment encore si particulier.

Merci aux guerriers de l’arc-en-ceil d’avoir préparé tous ces plats avec les caravaniers, que nous dégusterons sous la verrière avec le collectif d’artistes « Réseau ».

Quelques mots de Mathilde, une caravanière :
« Je suis assise sur un banc de la place Carnot et écoute le piano. Nous sommes dans un moment d’inspiration et savourons l’ici et maintenant (...) Dans cet élan, je donne des sourires, des bisous et de la danse (...). Moi j’ai une autre idée : c’est de monter une roulotte qui transporte un piano droit et l’amener accompagné de personnes qui marchent amoureux de la vie ».

Dimanche 4 mai, Lyon : Voir les photos >>

Notre départ du collège se fait accompagné du son du hautbois entonnant « Ce n’est qu’un au revoir » et d’une danse somptueuse de Marie-Pascale. En route pour Lyon, nous repassons la douane sans problème cette fois, Ouf ! C’est un peu de temps et d’énergie gagnés ! Nous nous posons à l’heure du midi au bord du lac de Nantua. L’espace de quelques instants, nous observons les gens aller et venir. Provoquer en douceur les rencontres, ce que nous faisons depuis le début de notre périple, est devenu si familier qu’il nous est parfois difficile de constater combien chacun a tendance à vivre séparé des autres. Cela renforce encore plus notre foi en cette aventure. Créer du lien, encore et encore...et ça fonctionne de mille façons, si bien que nous suscitons souvent le désir de personnes à nous accompagner dans cette aventure. Nous arrivons sur la place Carnot à Lyon à 19 h. Nous ne comptons rester qu’un soir dans cette 3ème ville de France suite au peu de retours de la part des contacts locaux établis. C’est ainsi.

En descendant des bus, nous ressentons le malaise des grandes villes avec tout ce que cela peut parfois comporter d’agressivité. Sur cette place Carnot, nous vivons cette ambiance si particulière qui mêle tous les styles, toutes les énergies, toutes les détresses, tous les « écarts » possibles entre êtres humains. Arrivés à bon port, les guerriers de l’arc-en-ciel sont présents. Ce sont des musiciens qui oeuvrent pour la paix dans le monde. Vêtu chacun d’une couleur de l’arc-en-ciel, ils sillonnent les marchés, les places, les squares et distribuent leur joie, leur énergie et leur message d’espoir. Ils ont créé une association : La marche du Vivant et débuterons cette marche pour la terre à partir du 09 septembre 2009, et ce pour trois ans, voire de manière permanente. L’Ethiket’bus est également là, présent avec nous, dans le cadre de la quinzaine du commerce équitable.

Un podium a été installé pour le piano par les organisateurs ; podium entouré de barrières… Nous décidons de les enlever afin de supprimer cette distance. Marie-Pierre ouvre la soirée suivie de Lila. Félicitations à ces deux caravanières car les conditions étaient pour le moins difficiles ; public disparate et éloigné. Marc débute ensuite son concert et s’arrête après quelques minutes, demandant à tous d’emmener le piano au sol tout à côté des toiles de Stéphane, créant ainsi un climat intime et chaleureux…et là… tout change… Un jeune SDF est allongé écoutant la musique, des larmes lui coulent des yeux. Très touché, pris par la musique, il se lève et se met à danser en rythme, complètement transporté. Un autre SDF cherche le contact avec Marc, l’interrompt, essaie d’attirer l’attention. Il demande à ce qu’on joue la chanson « Pour toutes les mamans du monde… ». Devant son insistance, Marc s’arrête et Marie-Pierre lui jouera alors « Une chanson douce ». L’homme se mettra à chanter, « dirigeant » l’ensemble des spectateurs. Moment d’émotion devant cet homme en quête de reconnaissance et d’affection. Marc reprend ensuite son concert et sur un morceau entraînant, une jeune femme libanaise se mettra à danser avec une grâce et une fraîcheur qui nous touche beaucoup. Lorsque Cathy se met à jouer, le jeune SDF est comme apaisé, envoûté et s’endort sous le piano. La douceur et le calme le bercent tandis que son compagnon de survie lui lance des mots d’amour. Il amènera Marc et Cathy à jouer ensemble dans un quatre mains improvisé. De son côté, Stéphane avait exposé ses toiles et déroulé son chemin des mains : « mani-festation », signe d’empreinte et d’engagement au service de l’amour. Mais dans ce contexte, un quiproquo s’installe avec un groupe bosniaque qui interprète cette démarche comme un contrôle et un relevé d’empreintes. Ils vont jusqu’à en renverser les pots de peinture mais finalement les paroles de Stéphane parviennent à convaincre l’un d’eux de déposer ses mains en confiance. L’échange se crée et la tension est dissoute.

Les guerriers de l’arc-en-ciel nous invitent gentiment à nous héberger dans une ancienne friche industrielle transformée en friche artistique. Environ 35 000 m2 et pas moins de1000 artistes ! Nous y passerons deux nuits.

Samedi 3 mai, Renens : Voir les photos >>

La journée démarre par un rendez-vous musical sur la place du marché de Renens où tous les samedis, les artistes locaux sont conviés à jouer pour le plaisir de tous. C’est le « marché musical du samedi ». Nous y découvrons les enfants de l’école de danse de flamenco, Sylvie et Antonio Peryo nous émerveillent. Cette danse est très féminine, pleine de grâce et d’élégance. Un groupe folklorique du Portugal avec ses chants et ses instruments traditionnels, nous ravissent de leurs danses joyeuses.

Toni, accordéoniste passionné dans son fauteuil roulant dira presque en confidence à une caravanière : « Le vrai musicien, celui qui joue avec son cœur, c’est comme un curé de l’être humain parce qu’il donne sa joie et sa foi ». Comme c’est juste Toni !

Encore un beau lâcher de clowns et de bisous sur ces lieux colorés et animés propices à la rencontre. Les bisous se posent ça et là, dans une grande convivialité. Le piano au lilieu du marché, ne se repose pas une seconde, il est tour à tour relayé par les nombreux pianistes de la Caravane qui le font vivre dans des styles très différents, allant du classique, au jazz, à la chanson française ou à la composition personnelle.

Le midi, la ville nous invite à déguster une paëlla géante au Cercle asturien. Une fois de plus, nous sommes épatés par l’accueil et le gigantisme de ce plat !

Florian nous emmène ensuite sur un parking où nous partons à pied vers le lac Léman profiter d’un moment de détente, avec les somptueuses montagnes enneigées en arrière plan .

Soirée festin (comme d’habitude…) entre caravaniers, accompagné de Marie-Pascale et Philippe avec son hautbois qui viennent jouer et danser pour nous…Nous sommes ravis d’accueillir Serge, le gardien du collège et sa femme, invités par Henri, en remerciement de leur disponibilité.

Vendredi 2 mai, Renens : Voir les photos >>

Nous arrivons à Renens à l’heure du midi espagnole…(c'est-à-dire un peu en retard, vous l’aurez compris). En effet au passage à la douane, la Caravane amoureuse ne passe pas inaperçu et le douanier suisse ne se déridera pas, même à l’idée de la « guérilla des bisous ». Quant aux douaniers français, sympathiques par ailleurs, ils se demanderont tout de même si ce groupe ne serait pas une secte par hasard… Arrivés en Suisse, l’accueil est très chaleureux au Collège Verdeaux (notre lieu de stationnement), grâce à Florian Dutoit, attaché culturel à la ville et  Marie-Pascale Le bé, professeur qui ont organisé notre venue, mais aussi grâce à Paulette, parent d’élève qui a préparé des petits plats pour nous recevoir… Et c’est une aubaine car il est bien trop tard pour que nous allions faire des courses pour nous restaurer ! En effet, nous sommes attendus à la bibliothèque multiculturelle Glob’livres à 14 h 15. Les estomacs bien remplis, nous retrouverons Paulette pour le concert du soir. Alors en route pour une petite marche jusqu’à Glob’livres ! Arrivés là-bas, nous sommes ébahis d’observer les multiples livres dans toutes les langues  possibles : chinois, talmud, turque, italien… Imaginez-vous, le Petit Prince dans toutes les langues, même en esperanto !! La responsable de la bibliothèque et Marie-Pascale, co-créatrice de ce lieu, nous présentent la démarche de cette bibliothèque incroyable qui est avant tout un lieu d’accueil pour tous les résidents suisses d’origine étrangère.  Des livres dans 270 langues différentes ! Marie-Pascale et les quelques élèves qui l’accompagnent nous font découvrir la bibliothèque et leur langue par de petites histoires qu’ils nous lisent au fur et à mesure que nous traversons chaque « quartier » du monde. En discutant entre caravaniers, nous sommes unanimes sur le fait qu’une si belle initiative devrait voir le jour dans chaque grande ville du monde ! Elle permet aux personnes de nationalité différente de se sentir chez elles et aux enfants de conserver leur identité culturelle en même temps qu’ils apprennent mieux à lire ! Et des nationalités différentes à Renens, il n’en manque pas : environ 150 !! Soit plus de 50% de la population ! On voit ainsi des enseignes de magasin en portugais, espagnol…Comme c’est joyeux d’être témoin de cette diversité réunie !

Après cette visite, chacun vaque à ses occupations jusqu’au soir où nous mangeons tous ensemble, invités par la ville, dans un charmant restaurant. Nous arrivons ensuite dans la salle de spectacle de Renens, splendide,  pour le concert du soir. Lorsque l’on entre dans cette salle, nous avons le plaisir de découvrir une magnifique exposition des toiles de Stéphane, préparée par ses soins avec l’aide de Lucille, qui illumine le hall d’entrée. Quelles belles couleurs, merci pour tout l’amour que tu mets dans tes toiles Stéphane !

Le spectacle commence par une chanson créée et dansée par des élèves de Marie-Pascale, qui associe le prénom de chaque enfant à une façon de se sentir bien dans leur vie. Viendront ensuite jouer divers artistes locaux : Christine Sartoretti au clavecin, Popol Lavanchy à la contrebasse, Carlos Garcia, guitariste, Philippe, chanteur et guitariste qui nous a rejoint depuis Albertville, Gisèle chanteuse avec son « shrutti box », instrument en forme de boîte dont on ouvre le couvercle pour faire sortir des sons au gré des envies de modulations, Marie-Pascale et sa danse sur « Quand on a que l’amour », accompagnée de Marie-Pierre. Nous retiendrons aussi cette magnifique improvisation en fin de concert avec chant, contrebasse et piano, réunissant des artistes locaux et des caravaniers. Divin !

Nous terminons cette belle soirée par la chanson des « Zamoureux », « hymne » de la Caravane et regagnons notre insolite bivouac au milieu de la cour du collège Verdeaux

Jeudi 1er Mai, Annecy : Voir les photos >>

Mercredi 30 avril, Grenoble puis Albertville : Voir les photos >>

L’Ethiket’Bus nous attend dans la fraîcheur du matin, la plupart des grenoblois pressés sortent du tram sans voir ce piano sur la place. Une classe de jeunes allemands s’arrête, interloqués par les sons qui sortent de ce piano. Une passante pressée, en retard pour son travail, prend 2 minutes, la musique l’émeut, une larme coule sur sa joue, sa journée sera plus belle.

Accueil chaleureux et extraordinaire de Monsieur le Maire Philippe Mazure et ses conseillés, au stade olympique, nous partageons un repas convivial et faisons connaissance avec des gens motivés, investis dans un programme d’ouverture.
A notre arrivée, à la maison de retraite, la chorale répète une dernière fois avant de nous offrir son répertoire. Puis les accordéons, le piano, Alain Marçay et son harmonica chantent à leur tour, ainsi que Philippe et sa voix magnifique accompagnée de sa guitare.
La danse s’installe, on valse à tous âge sur des airs connus ! Un grand moment de bonheur !
Changement de programme… Il pleut ! Nous retrouvons le groupe rap «  HLM », en répétition, ils interprètent 2 morceaux qui nous donnent envie de les apprécier davantage en les retrouvant le soir même.
Sur le parvis de l’hôpital, on approche le bus et le piano. Quelques personnes du centre pour handicapés partagent le clavier avec Marc. Des lumières exceptionnelles se lisent dans leurs regards.
Soirée spectacle dans la salle René Cassin, partage avec les associations locales, les groupes folkloriques savoyards d’Alberville, Conflans et environs, « les Fantasias », groupe de danse orientale…
Malgré la bonne volonté et les intentions de la Caravane, il arrive parfois que des problèmes de communication suscitent des tensions, et entraînent des maladresses. La soirée d’Albertville nous fit réfléchir pour nos futures rencontres.
Nous sommes navrés pour les jeunes rappeurs qui n’ont pu réaliser leur prestation, en raison de problèmes techniques, nous espérons que leur talent pourra s’épanouir en d’autres lieux.
Marc nous fait voyager avec ses variacordes, et invite un deedjeridoo, une clarinette et les voix de Cathy et Philippe, à improviser avec lui. Encore un moment d’extase !

Retour au stade olympique. Réveil délicieux avec un grand soleil et des croissants ! Alain et ses mélodies à l’harmonica nous font frissonner de bonheur. Tout son amour et sa joie y sont ! Quel cadeau de volupté et de sensualité ! Il confirme que les valeurs de la Caravane sont également celles d’Albertville.
Douches bien chaudes. Waouw ! Les plus grands athlètes sont venus se doucher ici! Et nous ? Nous voilà athlètes du cœur ! Merci Albertville !

Nous reprenons la route en direction des montagnes du Beaufortain pour rejoindre le chalet de Bruno, ancien caravanier du périple roumain. Son accueil est fabuleux ; il nous a préparé une authentique fondue savoyarde géante. Avec l’aide de Monique, Claudie et Inès, ils ont rapé une quantité impressionnante de Beaufort, Comté, Emmental et Reblochon. Les caquelons sont posés sur les tables dressées et le lancé de morceaux de pains enfourchés sur les piques  ne se fait pas attendre. Nous nous régalons littéralement. Bruno, vivant une certaine solitude semble très ému et heureux de recevoir la petite quarantaine de caravaniers sur sa terrasse offrant une vue extraordinaire. Les sourires miroitent la chaleur du soleil et les visages reflètent une joie profonde.  Tandis que certains s’allongent et profitent pour se plonger dans une délicieuse sieste ; d’autres ont installé le piano électrique sur la terrasse et sortis les partitions. Un peu plus loin en hauteur des chants poliphoniques se font entendre. Le temps coule paisiblement pour le plus grand bonheur de chacun.

Mardi 29 avril à Beauchâstel : Voir les photos >>

Nous repartons pour le C.A.T de Beauchastel, où nous sommes attendus par les 150 résidents, heureux et impatients de nous découvrir et des accompagnateurs particulièrement enclin aux valeurs de la Caravane. Il règne ici une incroyable légèreté de l’être où l’humour, l’instant présent et la parole vraie nous subjuguent. Des contacts d’une authenticité et d’une sincérité profonde avec ces personnes permettront une rencontre instantanée et magique sans jugement.
Dans ce beau jardin, où tables et chaises sont dressées, nous nous mélangeons pour partager le repas.
Manu déambule de table en table pour offrir, à chaque caravanier, un chausson tricoté de ses mains et avec amour pour protéger nos téléphones portables. Quelle délicate attention. Merci à toi, « petite fée tisseuse de tendresse ».

C’est l’heure du « grand concert ». Les résidents  s’installent, la salle est comble, décorée de ballons et de guirlandes. Lila fait rire avec « crâne d’oignon », Marco fait un tabac, Jean- Pierre Mérand fait délirer la salle avec son histoire d’escargots !
Mais, ce qui restera dans nos cœurs, c’est la participation enthousiaste de nos amis Rachid, Philippe, Josiane, Alexandra, David, Mauricette et Patricia qui ont accompagné les musiciens avec ferveur. Dans leurs yeux et leurs sourires tant de bonheur, tant d’application pour nous faire partager leur musique.
Dans la salle, les fous rires et les applaudissements résonnent. A la fin du concert il faut danser encore, les percussions se mettent à battre, la danse endiablée commence…
Difficile de mettre fin à la soirée, nous regagnons le centre, avec dans nos cœurs ces merveilleux instants de partages et cet accueil tellement parfait.

Mardi 29 avril, Marseille : Voir les photos >>

Ecoles primaire et maternelle ; rue des Convalescents, quartier Belsunce.
Le bus et le piano ne passent pas, nous sommes donc confrontés à improviser.
C’est aussi cela la rencontre, ne rien croire d’acquis, laisser la place à la forme qui se modèle à chaque fois différente, à chaque fois re-inventée.
Création de petits jeux improvisés en musique pour la cour des petits. Cathy avec un tambourin les fait tourner, tourner, tourner. Dans le jeu, les enfants en demandent encore et encore...
Zozouille (alias Aziz en clown) invite les enfants à raconter leur rêve au pied de l’arbre.
Libellule (alias Christophe en clown), notre génial chauffeur, court après Océane pour un touche-touche-bisous à la grande joie des enfants.
Craquouille (alias Claire en clown) laisse chacun caresser les touches de l’accordéon.
Comment ne pas craquer devant ces 260 enfants ?
Dans la cour des grands, Marie Pierre joue du piano, Nicolas emporte les enfants, sous sa cape, dans un ballet de confidences. Sylvie et Fillou offrent leurs bouches pour des bisous enflammés. Jacqueline se découvre photographe de mode pour jeunes rappeurs. Soléria aime faire découvrir aux enfants, le son de leur cœur, l’oreille collée sur la poitrine d’un petit camarade. Ils reproduisent ensuite le son sur un tambourin. Le même battement de cœur que celui de la Mère Terre…
Bijou (alias Irina en clown) se cache d’abord timide : « Ouille ! C’est impressionnant tous ces enfants ! » Marco propose aux enfants de venir la chercher et de l’accueillir dans leur classe. Une adorable petite l’entraîne et une farandole de jolies mignonnes commence. Les garçons arrivent ensuite. Marco lance un cours de danse avec castagnettes, une main en l’air et l’autre chatouillant le flanc.
Après un moment de bal, de joie et de brouhaha, en un instant, un cri, lancé par la Directrice, rallie tous les enfants et professeurs. Commence un magnifique chant : « Nomade ». Apaisement, écoute et sérénité avant notre départ.

A midi, le couscous nous est offert par l’Association « L’homme aux pieds nus », Claude Nesme (coordinateur de notre venue à Marseille) et Liliane.  Quelle Générosité, quel Amour. Délices, piments, saveurs…encore un Voyage…

Lors de notre départ de Marseille, deux incidents nous rappellent à la vigilance. Il est vrai que d’être en permanence dans une dimension qui nous dépasse, nous fait perdre un peu le sens des réalités.

Lundi 28 avril, Marseille :

Rencontre avec les jeunes du lycée Diderot, quartier Nord, lycée technique et professionnel. Partage du repas de midi à la cantine… Quelques notes de musique et Marco se révèle danseur fou de tango avec Claire à l’accordéon. Contrairement à toutes les idées que nous pourrions nous faire sur un lycée dit « sensible », il règne ici une ambiance très respectueuse, avec une grande écoute, une belle ouverture, beaucoup de joie... Merci pour cette grande « sensibilité »…

Concert en plein air dans la « Mare aux Canards » : nommée ainsi par les élèves, cette cour ressemble à un bassin, quand il y pleut. Prenez vos maillots de bain ! Marco nous enivre encore et encore de sa voix mélodieuse. Toutes les jeunes filles lui demandent un autographe… Après le concert de Marc, moment de partage dans le gymnase avec les jeunes où il leur raconte son parcours et la démarche de la caravane. Il explique, par exemple,  que le fait de ne pas fumer, ni boire, lui ont permis d’économiser suffisamment pour s’acheter son premier piano. « Quand nous sommes portés par un rêve, nous mettons en œuvre toute l’énergie nécessaire pour l’accomplir et l’assumer totalement de manière autonome ». Ce piano voyage aujourd’hui, depuis plus de 20 ans sur les routes, pour aller à la rencontre de l’humain, dans toute sa beauté et sa fragilité…
Sortir de l’inertie et la morosité ambiante, où la société véhicule trop souvent des mauvaises nouvelles, alors que la vie et la rencontre humaine offrent bien plus de surprises. « Ce sont les médias qui nous disent d’avoir peur ! », nous dit une jeune femme musulmane. Elle souligne avec émotion et passion les valeurs fondatrices de l’Islam, dans lesquelles la femme à la même place que l’homme et où l’amour est le souffle premier.

Certains jeunes, après avoir visité l’intérieur des bus, nous rejoindront l’après-midi pour la fête. Le rendez-vous sur le Square Belsunce, proche du Vieux Port, sous une pluie marseillaise inhabituelle, se remplit progressivement d’une foule participative. Quelques moments amoureux, sous des parapluies, des petits coins de paradis, des mélodies volent au vent avec quelques badauds bienheureux… Hamad, nous rejoint avec son djembé et ses multiples clochettes pour nous emporter dans une belle et scintillante improvisation avec Marc. Un peu plus loin, installé discrètement derrière une petite table, se trouve Bernard Camus qui, plume à la main, calligraphie des mots d’amour, des dédicaces ou des prénoms. Son geste est habile, léger et surtout très gracieux. Cet homme est l’auteur des calligraphies qui illustrent admirablement « le Chant des Libres », ode à la vie et à la liberté. Pour l’anecdote, Marc et lui ne s’étaient jamais vus avant ce jour et leur collaboration s’était réalisée à distance.  Pendant ce temps, quelques chants berbères résonnaient sur la place qui ne désemplissait pas malgré le temps tristounet. Il y eut aussi quelques clowns qui visitèrent les entrailles du piano, étonnés par la magie et la complexité de cette mécanique sonore. Un peu plus loin, Jean-David contait « le Chant des Cantiques » avec délice. Nous réintégrons progressivement les bus, rendant à la place son rythme, imprégné par une petite touche amoureuse en écho : Stephane ayant laissé la trace du piano, de son pigment bleu, au sol.
Les bus déambulent dans les rues de Marseille, sous les sourires amusés et les regards étonnés des passants.

Le soir, malgré un début un peu hésitant (même en qualité de musicien, il n’est pas toujours facile de trouver le bon rythme), Marie-Pierre, baptisée MP par les jeunes, a le don de mettre l’ambiance. Merci à MP, quelle véritable « pierre précieuse » à l’édifice de ces rencontres improvisées ! Se succèdent ensuite au piano Cathy, Marco, Marc, Marie-Pierre et Francis. Voyage jusqu’en Arménie avec une mélodie suave jouée au doudouk (ancêtre de la clarinette) accompagné de Marc au piano. Nous sommes profondément touchés par cette nouvelle alliance sonore. Dans un élan d’abord timide, Léo embarque son ami-complice pour une impro-piano et tous deux se jouent, dans un style bien à eux. Inspiration dynamique et joyeuse ! Ils ont le groove !
Toujours très présent et pourtant très discret, Stephane, caravanier artiste plasticien, nous honore chaque soir de ses qualités créatives. Au son du piano, il s’inspire et s’harmonise, déposant sur la toile ses délicates couleurs de pigments naturels.
Sa palette est aussi vaste que la variété des sons offerts par la musique. Il offre sa toile au lycée. La jeune gardienne de l’œuvre, lui enverra un texto le lendemain, s’inquiétant du sort de celle-ci lorsqu’elle serait exposée. Elle en est tombée amoureuse et n’aimerait pas la laisser en proie aux dégradations éventuelles. Peur de perdre la beauté reçue… Stephane lui répond combien l’art est mouvement et éphémère. Peu importe si elle est modifiée, elle continuera de vivre sous différentes formes.
Souvenir au marché à Salin de Giraud, où il invite Irina et Lucille, à laisser glisser le pinceau bleu pour dessiner l’empreinte du piano au sol. En se relevant, elles découvrent, surprises, un grand cœur bleu ! Le béton des places et marchés se transforme au gré de notre passage. C’est le Petit Poucet qui égrène pour retrouver sa route. Retour à soi. Espace de ressourcement et de silence. Poésie

Dimanche 27 avril : Salins de Giraud : Voir les photos >>

Paresse et peaux nues au soleil, baignade tonique pour les plus courageux dans la Méditerranée. Chevaux blancs, crinières au vent. Oui !!! Nous sommes bien dans la Camargue sauvage !!!  

Berhu, aidé de Ninou, ancienne caravanière de Roumanie, nous attendent pour une délicieuse daube de taureau, concoctée avec Amour.
Cet homme est l’accueil, la bienveillance, l’amour, l’écoute, la sagesse, la générosité personnifiés…. Un être d’exception…

Fin d’après-midi, concert organisé sur la place du Sambuc, devant la salle polyvalente. « Les Saltimbanques »,  jeunes musiciens d’Aix en Provence nous séduisent, une fois de plus,  par leur gaieté, leurs compositions, leur dynamisme, et leurs voix envoûtantes. Les habitants semblent étonnés de voir leur place s’enchanter. Le plus vieil habitant de Sambuc « Monsieur le Comte » nous demande « mais pourquoi êtes-vous ici où il ne se passe jamais rien, dans ce trou du cul de la Camargue ? ». Sa femme, splendide dans son sari, parée de ses plus beaux bijoux, battait du pied au premier rang, lors du concert. Inès partagera le repas avec eux. Grâce à ses qualités naturelles de franche rigolade, Inès emporte la comtesse pour une valse joyeuse, sous l’œil attentif de son mari. Olivier, ensuite, la portera dans ses bras, telle une princesse, pour plusieurs valses gracieuses. Elle nous charme, tous hilares, bienheureux et touchés par ce moment de poésie romanesque. Les mains de la comtesse dansent et virevoltent comme des oiseaux… Instant magique. Aaaaaah ! Olivier, quel galant homme !!!

Cette rencontre conviviale est une belle réussite gourmande grâce aux délices spontanément offerts par les habitants. Renata, boulangère sud-américaine, nous offre son pain bio, ravie de cette énergie insufflée par notre passage. Nous retrouverons, également, un succulent pain frais, délicatement déposé par une âme généreuse, dans un des bus, au petit matin. Salvatore, de ses mains endiablées sur le djembé, réveillera nos corps quelques peu endormis. Ah ! Ces rythmes africains qui nous feraient danser toute la nuit !

Encore, ce soir, une jeune femme est touchée, aux larmes, par les valeurs d’amour qui l’animent profondément. Ce grand «Oui ! » à cette force enfouie, réveille en elle beaucoup d’émotions, comme un grand soulagement de rencontrer d’autres semblables.

Samedi 26 avril : Salins de Giraud : Voir les photos >>

Sous le figuier sacré, dans le jardin de Berhu (ou est-ce le jardin de l’Eden ?), Marc et Cathy sont invités à s’unir devant et avec l’humanité toute entière, un moment de grâce  pour le chant de deux âmes en résonance. A l’invitation de nous embrasser les uns les autres, nous voila repartis dans cette joie infinie, toujours renouvelée, fraîche et sincère, chaude, tendre et moelleuse. Nous sommes tous très émus de partager ce moment en qualité de témoins bienveillants.

Il règne une atmosphère de liesse épurée sous cet arbre magique. « On dirait un conte de fées », chuchote un des convives. Vive les mariés et longue vie à leurs rêves qu’ils nous on fait l’honneur d’entrevoir et de partager durant cette caravane. Dans l’après midi nous débarquons le piano sur la plage et jouons face à la mer, au couché du soleil.

Fête et bivouac en soirée pour les caravaniers. Ambiance de fête autour d’un bon feu, les uns papotent et savourent la délicieuse soupe de Patricia, les autres rient, chantent ou dansent pour un cercle circassien improvisé et joyeux… 

Vendredi 25 avril : Le Sambuc : Voir les photos >>

Réveil magique, nous sommes accueillis par la fraîcheur et l’émotion du chant des enfants de l’école de Sambuc. Leur professeur-directeur les accompagne à la guitare pour plusieurs chants qui nous subtilisent quelques larmes : l’émotion nous submerge. Christophe arrive habillé en clown, un panier à la main, expliquant aux enfants qu’après de nombreux voyages il a trouvé un trésor extraordinaire. Il ouvre et fait découvrir à chaque enfant ce trésor, les regards s’émerveillent et  les rires s’envolent. Qu’y a t –il dans ce panier ??????

Marc amène les enfants réunis autour de son piano à travers une ballade de sons illustrant des contrées géographiques et magiques. Il a la délicatesse de trouver en toutes circonstances les mots/sons pour toucher le public réuni autour de son piano. Ici ce furent les pas de la sorcière qui emmenèrent les enfants vers l’ailleurs…

Accueil par les « Saltimbanques de la Joie », qui partageront 3 jours de détente avec nous et l’Ethiket Bus au marché de Salins de Giraud et repas festif organisé par la mairie d’Arles dans un des cafés qui au début du siècle accueillait les travailleurs saisonniers qui venaient récolter le sel. Grâce à l’idée grandiose d’Hubert Baral, qui nous accueille chez lui 3 jours durant, nous nous rendons ensuite à Saliers où se trouve un Mémorial en l’honneur des 700 gitans qui furent internés en ce lieu dans un camp de concentration de 1942 à 44. Ami des plus démunis, il nous partage sa joie de la rencontre avec les gitans. Grand moment émouvant de recueillement durant lequel la musique nous a tous transportés.

Chloé au piano accompagne le chant unique et spontané de Cathy avec une telle profonde douceur... Paix à leurs âmes…
Lîlâ nous emporte dans les flots d’un texte : «  Je voudrais faire une prière en dehors de toute église : Dieu, envoie- nous des fous ! Oui Dieu !!! Envoie-nous des fous !!! Danses, cris et intériorité en bordure de route, solidaires des bohémiens.

Repos et fête le soir au bord du Rhône chez Hubert, la Camargue dans toute sa beauté! Accueil dans le jardin de la maison ouverte à tous. Une maison pleine d’une énergie douce qui a traversé les années, sous le soleil du sud. Cet homme nous reçoit dans toute sa générosité. Comme il y a des seigneurs de la guerre, il existe des seigneurs de l’Amour, il en est Un. Il unit les êtres autour de lui, sans jugement, avec le seul but de les rendre plus libres d’aimer encore.

Jeudi 24 avril : Fontpedrouse

Journée de repos pour la Caravane… Fête aux pains perdus par Marco et Claire pour réjouir les papilles et les bons souvenirs de l’enfance. Promenade en bus avec les Pyrénées comme amies. Nous nous glissons dans les eaux chaudes et sulfureuses des bains de St Thomas, qui caressent nos corps; nous y entamons un ballet aquatique plein d’amour et de rires. Moment de régal et de détente. Bonheur! Accompagnements en douceur et bercements dans l’eau. Nous reprenons la route pour nous poser de nuit, merci les chauffeurs, dans le village de Sambuc.

Jacqueline « détourne », sans trop de difficultés,  3 des caravaniers, Monique, Marie-Pierre et Francis, virtuoses des cœurs et des âmes, pour aller visiter une amie avignonnaise, hospitalisée à Béziers…   La rencontre « off » tient du miracle. Des airs de Piaf et de Brel provoquent des éclats de rire et permettent même à Chantal quelques paroles, signe d’une récupération prometteuse après une opération délicate.

Ainsi l’élan de la Caravane va parfois au delà des étapes prévues…..car c’est avant tout un état d’être

Mercredi 23 avril : Perpignan : Voir les photos >>

A l’arrivée à l’hôpital Saint Jean, au service pédiatrique, il semble qu’un problème de communication soit à la source d’un accueil peu chaleureux qui se transforme malgré tout en une rencontre possible. Cependant, cela nous fera réfléchir à notre manière de nous poser, de débarquer dans un lieu.

Prune (alias Lydie en clown) et Craquouille (alias Claire en clown), s’envolent vers les nourrissons. Rencontre tout en douceur pour ces tout-petits, petits êtres si purs et si vulnérables avec leurs mamans. Approches délicates face à cette fragilité, cette vie qui bat si intensément dans le cœur de ces tibout’chous. Telles des fées magiciennes, elles soufflent les microbes au loin ou souhaitent qu’ils soient des artistes. Les mamans déjà artistes d’avoir donné la vie, créé la vie, sont sensibles avec nous de notre enchantement… Christophe et ses trois petites notes de musique en accordéon joue pour un enfant qui se tortille de douleur au ventre, geignant et bougeant dans tous les sens. Ses yeux se ferment tout doucement et il s’endort sereinement.

Beaux moments, indescriptibles, qui se déposent dans notre coffre à trésors. Les bus s’immobilisent dans la magnifique cour de la Casa Musicale après une ballade et un concert improvisé sur la place Arago. Dommage que le rendez-vous espéré, avec les artistes locaux, n’ait pas été rendu possible; cependant quelques spectateurs nous ont rejoint pour partager notre repas du soir.

L’article dans le journal « l’Indépendant » titrant « la Caravane de Marc Vella, du grand n’importe quoi » met en exergue l’ambiguïté ambiante de l’accueil de cette ville, qui durant des mois, a laissé penser que la rencontre serait possible mais……

Mardi 22 avril : Toulouse : Voir les photos >>

La vie à bord s’organise bon gré mal gré… Nos rencontres quotidiennes nous laissant peu de place pour « traîner » dans nos maisons roulantes… Le soir venu, telles des chenilles, nous nous glissons dans nos cocons, pour un moment d’intériorité nécessaire afin de digérer le chapelet d’émotions rencontrées. Dans chaque ville et endroit traversés, la Caravane semble égrener les germes d’espoir d’un renouveau, d’un changement comme pour raviver la braise endormie, rallumer l’étincelle, faire jaillir le feu.

Cela nous amène sans cesse à faire de la place pour l’inattendu, à être en permanence dans l’ouverture partagée et l’échange réciproque. Nous sommes une Caravane mais chacun d’entre nous vit sa caravane selon sa personnalité, sa sensibilité, ses rencontres, 34 fils qui tissent autant de possibles.

Chacun vit à sa guise… Comment aller à la rencontre de tout le monde, comment être et rester soi-même ? Avec ses joies, sa fatigue, ses questionnements ? Explosion de musique et de talents uniques… Certains oeuvrent en silence à l’écoute des vies extraordinaires de chacun. Henri, l’un de nos chauffeurs, accueille le témoignage d’un jeune qui exprime l’importance d’avoir retrouvé ses racines algériennes et de connaître le contexte dans lequel son père a décidé de venir en France  … Patricia et Tristan, piliers enthousiastes de l’Association Partage, nous reçoivent à la cité de Papus Tabar( drôlement ébranlée lors de l’explosion de 2001…) pour un repas de fête, au milieu de la place. L’ambiance est joyeuse grâce aux musiciens d’Arthémuse, avec une chanson composée spécialement pour notre venue « Maaaarc Vella, avec ton piano, tu es le roiaaaa ….. ». L’histoire de l’ami conteur africain, accompagné de Charlou à la « floute », nous ravissent… Les mélodies de Marc résonnent  aujourd’hui comme si nous étions en Afrique. Tant pis pour la pluie, le soleil est en nous ! Ça chauffe, chauffe, ça danse du popotin !

Estella, belle princesse étoilée, avec Olivier et Charlou « marient » Cathy et Marc avec un chant Occitan, d’amour et de partage, à faire pleurer et danser toute la place. Merveilleux ! Une belle « oiseau sud-américaine », nous envole-vole, légère, de ses pas gracieux. Angèle et Carmen sont délicieuses, discrètement souriantes et tellement pétillantes. Elles font la fête avec nous toute la journée ! Elles guident une caravanière pour visiter leur jardin de roses et de lauriers. Alphonsine, 87 ans, accepte de se joindre à nous pour écouter le concert. Quelques larmes à l’évocation de Titi, son chien, mort de peur, 2 jours après l’explosion de l’A.Z.F…Au moment du repas, un couple nous fait partager leur chagrin d’avoir perdu, dans ces mêmes circonstances, leur fille qui travaillait sur le site.

Merci à Jamal qui nous a préparé sa délicieuse paella géante, avec amour et délicatesse et, dont les épices restent son secret. Proche du Parc des Merlettes, à la salle 3ème âge, un festival de musique entre caravaniers et habitants du quartier s’improvise dans une ambiance libre et conviviale. Chacun papillonne à gauche, à droite pour découvrir, rire et parcourir un moment de vie, partager une caresse sur le cœur. Fatima se trouve embarquée au piano, pour une improvisation avec Marc, où elle brave toutes les tempêtes, le feu aux joues, pour un moment de grâce. Miloud Chabane, nous enthousiasme de son slam et dévoile ses textes ciselés. Massira bouleverse de ses mélodies et de son appel aux femmes de partout… L’ambiance monte… Tout le monde chante, danse… C’est la fête 

Quelques phrases glanées au gré de nos rencontres :
«  La communication, c’est ce qui manque, le passage de la caravane est pour nous l’espoir de pouvoir recréer le lien entre tous. »
«  Je trouve cela bien que vous ne faites pas de différence entre les êtres humains »
« L’idée est simple mais très généreuse, elle permet de retisser des liens et, aujourd’hui dans nos vies, c’est le plus important »
«  Elle n’est pas dans la frime, elle est à l’intérieur. La beauté qui prime, c’est celle qui vient du cœur. »
« Aujourd’hui on a vu des gens qui ne viennent jamais à nos manifestations »
« On a eu un travail énorme pour préparer votre venue, on était épuisés, dès que le car est arrivé, que vous êtes descendus, nous nous sommes sentis des ailes, tout a été merveilleux. »

Lundi 21 avril : réveil sous la pluie ! : Voir les photos >>

Départ pour Ibos, où nous sommes accueillis à bras grands ouverts avec chaleur et plats gourmands par la municipalité et les associations locales intervenant dans le domaine de l’insertion, du soutien aux personnes en difficulté. Partages riches avec ces associations comprenant combien l’art et la fête permettent d’échanger, de grandir, et de s’intégrer dans la société. Quand l’art est au service de la bienveillance et du respect pour chacun…

Rencontre avec les jeunes de la maison du quartier de Laubadère, à Tarbes, quartier dit « sensible ». Foisonnement de vie, de chansons et de danses partagées pour apprivoiser ces jeunes à fleur de peau. Jacqueline et ses exercices respiratoires aident certains à se préparer et se concentrer  pour le concert. Petits airs d’accordéon pour Patricia en souvenir de son papa accordéoniste. Improvisation à couper le souffle entre le groupe de Hip Hop Dans’6T et Marc Vella au piano. Le gang des ados craque pour Claire. D’abord impossible à approcher, ils seront là pour nous envoyer quelques baisers timides et pédaleront jusqu’à nous le soir pour oser voler des bisous fous!

Concert dans la Maison de Retraite Zélia où tendresse et bisous s’échangent joyeusement. Un caravanier va vers une mamie pour l’embrasser : « On ne se connaît pas, mais ça fait rien, je vous embrasse! » Une ancienne violoncelliste est ravie de voir un piano entrer dans la maison de retraite et bat la mesure tel un chef d’orchestre…
« Oh Oh ! On est content’g de voir du monde. »
Lila chante au piano « le désert est mon dessert » et les mines sont ravies

La magnifique collégiale d’Ibos nous accueille. Marco lance le concert ! Ses doigts sur le piano survolté et intensément tendre accompagnent son chant audacieux. Les mélodies de Marc nous invitent ensuite au recueillement, à la grâce, cette respiration commune qui nous rappelle combien chaque être est merveilleux.

La rencontre festive du soir avec les artistes locaux, chœurs de chansons basques, occitanes, de variétés françaises et groupe folk, nous enivre et nous fait danser jusqu’au bout de la nuit !
Le jeune prince Jonathan de 6 ans s’amuse avec nous. Avec son sifflet, il mène la danse au groupe de  percussions brésiliennes EM Cima.

Dimanche 20 avril - Anglet : Voir les photos >>

Le « Marché des Amoureux », spécialement organisé par des producteurs et artisans locaux, éclate de soleil et de couleurs.

C’est si simple : des sourires, des regards, les cœurs s’ouvrent, la parole se délie, l’émotion jaillit. Kaléidoscope de musique, de clowns, de danseurs, de bisous ! Tous les âges se rencontrent ! Yeux ébahis des parents, yeux émerveillés des enfants ! Une grand-mère danse et s’accompagne gaiement au son d’un tambourin. « Je suis bien tombée, vous êtes bien tombés, on est  bien tombé ensemble !!! … Je suis venue comme ça, je joue, et je pensais pas que j’aurais tant de succès ! » Fleur (alias Sylvie en clown) commence la guérilla des bisous ! Ces délicates empreintes de lèvres rouges sur la joue, qui ne l’a pas encore reçu ?

Lucile déroule son papier et les pinceaux dessinent l’amour multicolore. La chorale Lau Haizetara nous fait vibrer au son de ses voix magnifiques. Isabelle, la soliste, laisse une empreinte émouvante, puissante et inoubliable en chacun de nous.

Quelques réactions :
« Waouw, magnifique, je suis contente ! Cela fait 20 ans que je n’ai pas vu autant de vie sur cette place ! »
« Hier, au débat, j’étais habillée en noir et blanc, et pour vous j’ai eu envie de m’habiller en couleur ! Toute de rose et de fleurs vêtues… Qu’elle est belle, Claudinette !

Un repas bio fermier et équitable réjouit nos ventres ! Merci à l’extraordinaire chef à domicile pour nos papilles heureuses et la chorale nous fait verser encore quelques larmes de bonheur ! En fin de journée, Biarritz : Détente au soleil, plongeon dans l’océan. Cette nature grandiose et ses vagues puissantes nous ressourcent. Quel rêve !

Accueil inouï par nos hôtes, Michel Duvocelle et son épouse Reine, sa famille et ses amis. Ils nous accueillent généreusement offrant repas et  douches pour les 34 caravaniers dans leur maison familiale. Incroyable ! Magnifique concert de chants improvisés, partage extraordinaire avec des chanteurs basques, musiciens locaux et caravaniers. Laure et Laurent en solo nous entraînent dans un autre monde, cristal de la voix, vibration du vivant…

Samedi 19 avril - Merignac - Anglet : Voir les photos >>

Enfin, nous découvrons les bus-caravanes, colorés et joyeux, pour cette belle aventure de 7 semaines. Le soleil est au rendez-vous ! Retrouvailles chaleureuses, grand pique-nique, installations dans les bus. Ça y est ! Nous partons !
 
Arrivés à Anglet, nous débarquons au milieu d’un débat sur le développement durable, organisé par le Secours Catholique, avec la présence de Ethiket’Bus et des intervenants locaux.
Nos futures rencontres amoureuses s’installent dans cette même idée !
Moment fort, Marc nous émoustille de ses notes, ses variacordes interpellent, c’est le premier concert d’une longue série.

Son « Chant des libres », magnifique texte qu’il nous offre, emporte nos cœurs de rêveurs de liberté, une ode à la vie. Gratitude et reconnaissance… Oui nous osons !